6 février 2017

Proposition de résolution N° 4417

en application de Article 34-1 de la Constitution sur les sciences et le progrès dans la République

Extrait

Mesdames, Messieurs, « La République n'a pas besoin de savants ! » telles sont les paroles attribuées au président du Tribunal Révolutionnaire au moment de la condamnation à mort du chimiste Lavoisier en 1794 après la suppression de l'Académie des sciences par la Convention. « Et pourtant elle tourne ! » aurait dit Galilée après le procès qui lui a été fait après sa présentation de la théorie de la rotation de la terre. « Les partisans de Mendel sont les ennemis du peuple soviétique » disait Lyssenko, qui obtenait de Staline et de Khrouchtchev la condamnation de la génétique classique et la fermeture de laboratoires et le licenciement de chercheurs dans l'ex-URSS. Si de nos jours, cette forme d'obscurantisme semble dépassée, (alors que les créationnistes contestent aujourd'hui le Big Bang et la théorie de l'évolution), nous devons malheureusement affronter un climat de défiance croissant vis-à-vis des institutions scientifiques et des savants qui,...

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4 commentaires :

Le 04/02/2017 à 04:05, GLAISE (RETRAITE) a dit :

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EXCELLENTE PROPOSITION

mais quid de l’espace médiatique public offert généreusement par l'état laïque aux religions qui font la promotion du créationnisme (chaines et radios publiques )

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 04/02/2017 à 11:01, Laïc1 a dit :

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Je pense que cette proposition de loi n'est pas si excellente que ça. Analysons-la plus avant :

"La pratique de la méthode scientifique est en recul dans nos écoles, comme l’apprentissage des sciences qui contribue pourtant à la formation des futurs citoyens."

Je trouve pour ma part que l'enseignement scientifique a la part vraiment trop belle dans les lycées : tout le monde sait que pour bien réussir dans la vie, il faut être bon en maths et physique, et qu'être bon en lettres est tout à fait accessoire, c'est limite superflu si on excelle en sciences.

Les débouchés en lettres sont par ailleurs très restreints : un bon en lettres pourra espérer au mieux être prof de français, tandis qu'une palette énorme de métiers s'offre à ceux qui privilégient les sciences, même les moyens en sciences trouveront un métier, avec des métiers technologiques, des CAP, qui ne peuvent pas se passer des sciences, même à un niveau restreint, tandis que celui qui est seulement moyen en lettres avec rien à côté est destiné à un échec irrémédiable dans la vie.

On pourrait toutefois se dire : le lettré saura faire la distinction entre savoir et opinion, puisqu'il fait de la philosophie poussée... Erreur absolue !

Car la philosophie n'apprend en rien à penser scientifiquement, et c'est là le comble de l'horreur : la philosophie est un ensemble de croyances ! Des arguments scientifiques à ce que j'avance ? C'est le minimum pour qui veut dénoncer les croyances que de ne pas le faire sur un mode de croyance...

Donc je suis allé dans les bouquins de philo, et voici le début de la célèbre "phénoménologie de l'esprit" de Hegel, philosophe incontournable enseigné dans les lycées :

"Le savoir, qui d'abord ou immédiatement est notre objet ne peut être rien d'autre que celui qui est lui-même savoir immédiat, savoir de l'immédiat ou de l'étant. Nous devons nous comporter à son égard d'une façon non moins immédiate, ou accueillir ce savoir comme il s'offre, sans l'altérer en rien et bien laisser cette appréhension indépendante de toute conception."

Or, tout savoir procède de l'expérience, il ne peut donc pas être immédiat, le seul savoir immédiat que l'on peut avoir est la croyance, car elle ne demande pas de réflexion, pas de vérification, pas de jugement. Ainsi, Hegel commence son livre par la promotion de la croyance, renommée en "savoir immédiat", auquel il est impensable de toucher, il ne faut "l'altérer en rien" dit-il, donc en ne le vérifiant surtout pas par des expériences contradictoires qui pourraient le remettre en cause. Si on n'est pas là dans l'apologie de la croyance et de la démarche non scientifique...

Le philosophe pire que l'intégriste religieux ? Intellectuellement, c'est un fait assuré. Le religieux dit les choses comme elles sont : "si tu contredis ma croyance, gare à toi", tandis que le philosophe va emberlificoter tout le monde par un discours le plus souvent incompréhensible pour dire exactement la même chose, et il va se servir de l'enseignement officiel pour cela, tandis que le religieux n'a pas accès aux salles de classe, donc le danger de la philosophie est le vrai danger prioritaire que les jeunes vont devoir affronter, car le système des croyance est cautionné par l'Etat lui-même, en qui ils ont confiance et qui le trahit, par ignorance ou par désinvolture.

Ainsi, quand la proposition de loi dit :

"Par la confusion entretenue entre savoir et opinion dans les espaces publics et numériques, la défiance qui en résulte menace l’activité et les fondements de la recherche scientifique. "

il est clair que si elle veut être cohérente avec elle-même il lui faudra bien interdire la philosophie dans les lycées, sous peine de collaborer activement avec les croyances contre les savoirs réellement scientifiques.

Ainsi, sa proposition :

5° "Invite en particulier le Gouvernement à étoffer la partie du programme de philosophie consacrée aux sciences et à l’épistémologie au lycée et dans l’enseignement supérieur. En l’état, seuls les élèves de la filière littéraire abordent les chapitres consacrés au vivant, à la théorie et l’expérience. De tels développements seraient profitables à tous et plus particulièrement aux élèves des filières scientifiques qui pourraient acquérir davantage de connaissances épistémologiques sur les pratiques scientifiques et sur les rapports science-société."

est complètement à côté de la plaque, contre productive, et ultra dangereuse pour la jeunesse française, qui doit apprendre à connaître en fonction des seuls critères vérifiables de l'expérience, et non pas en fonction des croyances et théories favorables aux croyances des philosophes d'un autre âge, complètement dépassés par l'époque moderne, et le plus souvent illisibles à force de théories farfelues bâties sur des notions abstraites qui s'entrecroisent pour fonder des systèmes philosophiques nébuleux et incompréhensibles, scientifiquement incompréhensibles, sauf pour les réfuter définitivement.

Enfin, un dernier aspect de cette proposition de loi :

"La démarche scientifique régresse enfin dans les assemblées et les ministères, là même où se prennent des décisions non suffisamment fondées engageant l’avenir de notre pays et de nos compatriotes. Des responsables politiques n’hésitent pas à contredire des avis ou des recommandations émis par des comités scientifiques et des agences créés par l’Etat ou par l’Union européenne pour les éclairer dans leurs décisions."

La proposition de loi s'est-elle seulement intéressée aux lobbies industriels, à leur intérêt à ce que la connaissance scientifique environnementale qui leur est défavorable soit le moins possible exploitée, et à leur capacité à introduire le monde politique pour que la vérité scientifique dérangeante soit tue ? Cette approche est pour le moins succincte et incomplète. Quand on veut dénoncer, il faut y aller carrément, pas s'en tenir à quelques vagues généralités non exploitées, la démocratie se vit à fond, pas à moitié

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Le 09/02/2017 à 18:47, Laïc1 a dit :

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Pour compléter ce que je disais sur l'inanité de l'apprentissage de la philosophie, et pour ceux qui pensent que la philosophie va permettre aux élèves de mieux comprendre la nécessité de l'approche scientifique pour comprendre l'hiomme et le monde, et de trouver la vérité, voici un extrait du rapport de l'épreuve de philosophie au concours d'entrée à l'ENS, année 2002 :

" Mais que penser de cette certitude si souvent affichée, selon laquelle il est répété dans un nombre impressionnant de copies que la science n’a qu’un lien assez lointain et vague avec la vérité et la réalité et que c’est déjà bien assez beau pour elle si l’on prend la peine de mentionner rapidement son entreprise et d’en souligner les échecs ?"

Ainsi, des élèves qui ont fait de la philosophie à très haute dose, puisqu'ils présentent le concours d'entrée à l'école normale supérieure, section lettres et langues, ne trouvent rien de mieux que de dire que vérité et sciences sont étrangères l'une à l'autre, quasi contradictoires....et qu'il faut parler de sciences surtout pour en souligner les échecs, car finalement la réussite de la science, c'est l'échec de la philosophie. Si avec ça on n'est pas persuadé que la philosophie n'est qu'un tissu d'inepties qui ne mène qu'à l'erreur et la confusion des esprits, c'est qu'on ne comprendra jamais rien.

Le pire dans l'affaire est que les candidats qui ont exprimé cela ont pensé faire plaisir au jury, ils ont pensé anticiper son attente pour avoir la meilleure note possible, alors que pour une fois l'avis du jury était plutôt en faveur de la science. Pas de chance en fin de compte. Si les candidats avaient su cela à l'avance, je suis sûr que toutes les copies auraient fait l'éloge de la science, comme élément indispensable de la vérité, car l'important en philosophie n'est pas d'exprimer la vérité, mais de plaire au professeur, de le flatter, et d'être reçu au concours en fin de compte. Vérité et désir de réussite, où l'échec radical de la philosophie.

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Le 10/02/2017 à 12:50, Laïc1 a dit :

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Je reprends un passage de la proposition de loi :

"Les risques ne doivent pas être balayés d’un revers de la main, mais plutôt évalués rationnellement, en tenant à distance les croyances, les partis-pris idéologiques et les discours sectaires car, comme le disait fort justement le mathématicien philosophe, prix Nobel de littérature Bertrand Russell : « La science n’a jamais tout à fait raison, mais elle a rarement tout à fait tort, et, en général, elle a plus de chance d’avoir raison que les théories non scientifiques. Il est donc rationnel de l’accepter à titre d’hypothèse. » "

La proposition de loi se contredit elle-même. En effet, elle dit que les croyances et partis-pris idéologiques doivent être tenus à distance, ce qui est très bien, mais pour appuyer son idée, elle cite le Nobel et philosophe anglais Bertrand Russell qui dit que la science doit être admise à titre d'hypothèse, autrement comme une probabilité, une supposition non vérifiée, donc incertaine, une forme de croyance en fin de compte...

Car quand je dis par exemple, "je pense qu'il fait froid dehors", sans avoir consulté le thermomètre ou un site météo, je suggère une hypothèse, je dis une affirmation qui relève de la croyance, de la supposition, sans aucune certitude scientifique, c'est peut-être vrai, mais ça peut être faux aussi.

Mais le but de la science n'est pas de fonder des hypothèses, des croyances, il est de faire des expériences, d'être sûr et certain à 100%; la science, c'est le contraire de l'hypothèse, ou alors, si elle est hypothèse, c'est que le processus scientifique de vérification ou d'infirmation de l'hypothèse n'a pas commencé, c'est que la science n'a pas vraiment commencé, et si on dit que l'on admet seulement la science à titre d'hypothèse, c'est qu'on lui refuse le droit de présenter ses expériences de vérification comme une voie unique pour accéder à la vérité. Car, comme je l'ai dit dans mon commentaire précédent, si la vérité est uniquement scientifique, alors la philosophie n'a plus de raison d'être, elle doit disparaître, comme superflue et prêtant à erreur, car la philosophie ne prouve jamais l'ensemble de ce qu'elle dit par des expériences scientifiques empruntées au réel, la prétendue logique interne de son jargon ridicule lui suffit comme preuve par elle-même de sa véracité illusoire....

Ainsi Russell, et la proposition de loi par la même occasion, nous présentent la science comme une croyance, qui est acceptée par la philosophie justement en ce qu'elle n'est pas sûre, car à partir du moment où elle est sûre, comme je le disais dans mon commentaire précédent, il n'y a plus de philosophie possible. La philosophie ne s'exprime que dans les espaces laissés vides par la science, c'est une forme de substitution à la religion, c'est la religion des athées en quelque sorte, qui se sont créés des systèmes dogmatiques dans lesquels ils remplacent la croyance en Dieu par la croyance que leur jargon confus est supérieur à tout, qu'il ne peut pas être réfuté, il est vu comme la vérité éternelle, qui ne peut pas être remise en cause, y compris par la science, surtout la science d'ailleurs, car la vérité à 100% qu'elle ose prétendre apporter aux hommes ne peut que réfuter les délires verbaux philosophiques, qui ne veulent rien dire et qui sont d'ailleurs ridicules dès que l'on veut les expliciter par des exemples scientifiques.

Mais pour appuyer cela, encore faut-il dire, comme Russell, que la science n'a jamais tout à fait raison. Et pourquoi n'aurait-elle pas tout le temps raison ? Une science qui dit ou fait un erreur, c'est qu'elle n'est déjà plus la science, elle a fait une faute scientifique, elle a glissé à un moment donné dans la philosophie ou l'approximation, sans s'en apercevoir peut-être, ou encore a-t-elle cédé à la séduction financière des lobbies..., d'où l'erreur, ou la modification mal-intentionnée des résultats scientifiques.

Donc, si la peine de mort est interdite aux humains, on devrait du moins l'appliquer aux idées néfastes pour le développement intellectuel du genre humain, et donc à la philosophie officielle. Il en va de l'honneur et de la crédibilité de notre civilisation, qui se prétend supérieure aux autres, mais qui sur ce point est bien dans l'incapacité d'en démontrer la pertinence.

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