Intervention de Olivia Dabbous

Réunion du 5 juillet 2016 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Olivia Dabbous, de la division d'appui environnemental et social de l'Agence française de développement, AFD :

Je vais vous présenter l'action de l'AFD, en particulier depuis 2014 et l'adoption de notre cadre d'intervention transversal (CIT) sur le genre et la réduction des inégalités femmes-hommes, lequel décline la stratégie française du deuxième document d'orientation stratégique (DOS).

Depuis mars 2014, l'AFD s'est mise en ordre de marche pour susciter une dynamique en son sein. Dans le cadre de notre stratégie, d'ambitieux objectifs ont été fixés, qu'il s'agisse du nombre de projets intégrant des enjeux de genre ou de la sensibilisation et de la formation des agents opérationnels.

Nous avons d'abord instauré un dispositif permettant de systématiser le questionnement sur le genre au moment où les projets commencent à être identifiés. L'idée est d'inciter chaque chef de projet à se demander si son projet intègre ou non des enjeux de genre, et, dans l'affirmative, comment les intégrer au stade des études préparatoires, de sorte qu'ils soient pris en considération du début à la fin : qu'ils fassent l'objet d'un suivi et que leur mise en oeuvre soit évaluée au terme de l'exécution du projet.

En la matière, nous appliquons un principe de transversalité, sachant que les projets financés par l'AFD portent sur la santé et l'éducation, mais aussi sur l'eau et l'assainissement, l'énergie, les transports, ainsi que le financement du secteur privé et la microfinance – autant de secteurs a priori moins enclins à travailler sur les questions de genre. Nous visons néanmoins à systématiser au moins le questionnement. Naturellement, il n'est pas évident d'intégrer des enjeux de genre à des projets qui concernent des lignes de transport d'électricité, à moins que notre partenaire ne soit prêt à travailler de ce point de vue sur les ressources humaines au sein de l'entreprise – il y a beaucoup à faire à cet égard dans les sociétés d'énergie. Il peut toujours exister une entrée ; reste à voir à quel niveau et s'il est possible de traiter ces questions sur le terrain avec nos partenaires.

C'est à la même époque que l'« avis développement durable » a été institué et intégré au cycle de projet de l'AFD. Le genre faisant partie des enjeux de développement durable qu'il s'agit d'inclure dans les projets, il est désormais systématiquement abordé par les comités de projet. Cela contribue à sensibiliser les équipes.

Afin d'atteindre ce dernier objectif, nous avons misé sur une appropriation progressive de l'enjeu par nos différentes équipes, au siège comme au sein de notre réseau d'agences ; c'est pour nous un grand défi, même si les équipes qui travaillent à la mise en oeuvre de la stratégie sont réduites.

Pour le relever, nous avons développé plusieurs outils : des points d'information hebdomadaires sur le genre, que nous avons réunis dans une publication, quarante-quatre profils pays du point de vue du genre, qui sont pour nos agences de très bons points de départ pour entamer le dialogue avec nos partenaires dans les différents pays, et surtout nos boîtes à outils sectorielles, qui évitent d'en rester aux généralités et fournissent aux chefs de projet des moyens concrets d'identifier les enjeux dans leur secteur et de savoir quoi faire aux différentes étapes du projet. Y sont par exemple recensés des termes de référence pour les études.

Dans cette démarche, les chefs de projet ne sont pas seuls. Ainsi, dans ma division, ils sont accompagnés par les équipes. Je ne vous cache pas que les choses sont plus difficiles dans d'autres divisions et secteurs. L'année dernière, au sein de notre division éducation, plus de 90 % des projets ont intégré des enjeux de genre ; il faut un investissement à plus long terme pour parvenir à de tels résultats dans le domaine des infrastructures.

Nous avons également développé un processus de sensibilisation et de formation, absolument nécessaire pour que les équipes s'attellent véritablement à la tâche.

S'y ajoutent des productions intellectuelles, par exemple plusieurs études sur l'emploi en zone méditerranéenne ou sur le genre dans les outre-mer.

Nous nous efforçons d'organiser avec nos partenaires bilatéraux et multilatéraux des échanges réguliers, des points méthodologiques. Nous avons travaillé sur la nouvelle stratégie de la Commission européenne. Bref, nous sommes ouverts sur l'extérieur.

Le grand défi qu'il nous faut relever demeure la sensibilisation et la formation des personnels des agences, car celles-ci sont nombreuses. Mais cette étape est indispensable.

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