Intervention de Yves Albarello

Réunion du 20 septembre 2016 à 15h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Albarello :

En tant que porte-parole du groupe Les Républicains, je suis satisfait du projet qui nous est présenté : je le voterai et j'encourage mes collègues à me suivre. J'imagine que le président de la métropole, M. Patrick Ollier, se réjouit lui aussi.

Ce beau projet, le voilà enfin ! La France est certes la première destination touristique du monde, mais il semble bien que, pour la saison d'hiver 2016, elle ait perdu sa première place au profit des États-Unis. Et avec les événements que nous avons subis ces dernières années, on peut craindre le pire.

Cet équipement vient donc à point nommé. Il apportera du confort aux touristes du monde entier qui vont arriver sur la plateforme aéroportuaire de Roissy-Charles de Gaulle – la première en Europe en termes de mouvements, devant celle de Londres Heathrow, qui est la première en nombre de passagers. Avec quatre pistes, contre trois pour Londres, la plateforme de Roissy-Charles de Gaulle est appelée à se développer encore dans les prochaines années, générant valeur ajoutée et emplois. Elle a donc un bel avenir et apportera sa contribution à notre région capitale.

Le problème de ce beau porte-avions, c'est qu'on y accède difficilement. L'autoroute A1 est complètement saturée. Pour l'emprunter tous les jours, je peux vous dire qu'il faut au moins une heure et demie pour rejoindre Roissy-Charles de Gaulle depuis la capitale. Avant-hier soir, j'ai mis pratiquement deux heures à partir de l'Assemblée nationale. Quant au RER B, il comporte de nombreux arrêts et traverse un paysage qui n'est pas celui que l'on voudrait présenter aux touristes du monde entier venant visiter « la Ville Lumière ».

Nous souhaitons que ce projet aboutisse, et le plus rapidement possible. Pour ma part, j'émettrai les mêmes réserves que M. Gilles Savary et le rapporteur, plus une interrogation et une proposition.

La première de mes réserves concerne d'éventuelles perturbations susceptibles d'affecter les déplacements quotidiens des Franciliens pour aller au travail. Dans la mesure où il ne s'agit pas d'un sillon dédié, comme c'est le cas de l'Arlanda Express à Stockholm, nous devons impérativement avoir l'assurance que CDG Express n'apportera aucune perturbation sur la ligne B du RER, ni sur la ligne K du Transilien.

Ma deuxième réserve concerne le financement de l'infrastructure par l'instauration d'une taxe supplémentaire, alors que la taxe Chirac, prélevée à 80 % sur la compagnie nationale Air France, pénalise déjà les marges de manoeuvre de celle-ci. Ce n'est pas sérieux ! Cette taxe Chirac, mieux vaudrait la réaffecter différemment, au lieu d'acheter pour 90 millions de médicaments aux sociétés américaines, et pas forcément aux sociétés françaises. Par ailleurs, un éminent collègue du groupe Socialiste, écologiste et républicain, M. Bruno Le Roux, a récemment suggéré, dans un rapport sur la compétitivité du transport aérien, un certain nombre de pistes qui permettraient de trouver des financements complémentaires en évitant précisément d'alourdir encore les charges de la compagnie nationale.

Je rappelle, en ma qualité de rapporteur du Grand Paris Express, que le financement de ce projet a été monté de façon pérenne, à raison de 500 millions d'euros par an, par une taxe sur les taxes foncières, pas sur la SNCF ou la RATP. Que chacun réfléchisse à l'opportunité d'imposer une taxe supplémentaire à Air France.

Je m'interroge ensuite sur le financement du projet, qui est tout de même très flou alors qu'il en constitue un maillon essentiel. On connaît le montant : 1,4 milliard d'euros, plus 280 millions de matériel roulant, ce qui fera probablement 1,6 milliard. On sait qu'ADP est d'accord pour y participer, mais on ne sait pas à quelle hauteur. Quant à l'emprunt Juncker, il est toujours à l'étude et on ne sait pas s'il sera retenu. Enfin, quid de la participation de la Caisse des dépôts et consignations ?

Enfin, je ferai une proposition que je n'ai entendue nulle part. Il s'agirait d'imaginer, pour les nombreux salariés qui se rendent en voiture à leur travail sur la plateforme aéroportuaire, une sorte de passe Navigo – un passe CDG Express –, dont le tarif serait très intéressant. Cela me semblerait une solution intéressante pour leur éviter d'utiliser leur voiture.

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