Intervention de Éric Alauzet

Séance en hémicycle du 18 octobre 2016 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2017 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Alauzet :

Par ailleurs, la droite reviendra-t-elle sur la suppression de la demi-part supplémentaire des veuves, mesure qu’elle a décidée, mais dont l’application a été laissée à la charge de ceux qui allaient lui succéder ? Reviendra-t-elle sur la défiscalisation du supplément de retraite pour familles nombreuses, sur la fiscalisation de la part patronale de la mutuelle ? Rien de tout cela, et pour cause : la plupart des candidats, voire tous, préfèrent porter l’effort sur la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, alors que la grande injustice sociale et fiscale contemporaine est bien celle de l’accaparement du patrimoine par une minorité, à la faveur de la mondialisation ultralibérale.

Contrairement à son histoire, cette droite se présente aujourd’hui d’un bloc en faveur du néolibéralisme et de la dérégulation, ce qui fait craindre le pire pour la justice fiscale et sociale et, finalement, pour l’action publique. Sa proposition de réduire massivement le nombre de fonctionnaires est à la fois dangereuse et démagogique : 300 000 salariés de la fonction publique en moins, quand ce n’est pas 500 000… C’est de la folie ! Pourtant, la droite traîne comme un boulet les conséquences de la révision générale des politiques publiques et la diminution déjà importante du nombre des policiers, des gendarmes ou encore des agents du ministère de la justice entre 2007 et 2012. Aujourd’hui, elle promet d’augmenter les effectifs, mais en attendant, c’est la gauche qui l’a fait !

Donc, la droite maintiendra a minima les 633 000 personnels de la sécurité et de la justice. On imagine mal qu’elle réduise les 1 115 000 personnels hospitaliers ou encore le million de personnels de l’éducation nationale. Là, c’est 50 % des effectifs qui seront sanctuarisés, voire augmentés. Or, des 2,3 millions d’agents publics restants, 80 % travaillent dans les collectivités locales. Pour atteindre l’objectif de suppression de 300 000 emplois, il faudrait donc baisser les effectifs des collectivités locales de 16 %… Chers collègues, à ce stade, vous avez le choix entre la démagogie ou le sabordage de la fonction publique territoriale et de la proximité avec la population.

J’ajoute que le dogme sur lequel repose cette aberration est totalement faux, si l’on veut bien considérer objectivement que, dans les pays souvent cités en référence, de nombreuses tâches qui ne sont pas réalisées par des fonctionnaires sont en réalité sous-traitées à d’autres organismes – c’est notamment le cas de la sécurité sociale en Allemagne – ce qui, finalement, coûte aussi cher à l’usager-contribuable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion