Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 12 octobre 2016 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées :

Bon, les militaires sont 207 000 ; il convient donc de relativiser ce chiffre. La situation est moins manichéenne que cela : on n'est pas radicalisé ou non radicalisé, et un être humain peut basculer très rapidement sans qu'on l'ait pressenti. Face à ce phénomène, j'ai donc donné pour consigne de maintenir ce sens de l'humanité dans le commandement et d'observer quotidiennement le comportement des intéressés. Dans les armées, nous avons en effet l'avantage d'être ensemble 24 heures sur 24, et parler à un militaire de sa vie privée n'est pas considéré comme une intrusion ; cela fait partie de notre culture. Car, lorsqu'un soldat part au combat, nous avons besoin de savoir quelle est sa situation personnelle, ce qui peut le déstabiliser ou le préoccuper. Toujours est-il qu'il faut remobiliser sans cesse le commandement pour qu'il n'oublie pas de faire preuve d'humanité et qu'il ait le souci de connaître ses personnels. C'est finalement la seule mesure véritablement efficace, une fois le contrôle élémentaire effectué.

S'agissant des limites capacitaires de l'armée de l'air, il est vrai que celle-ci souffre, comme les autres armées. Quelles sont les priorités dans ce domaine ? Les hélicoptères, l'ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance), la flotte de transport et les ravitailleurs – l'armée de l'air est donc particulièrement concernée. Les lacunes qui existent dans ces secteurs m'empêchent en effet de mener certaines opérations. Elles ne sont pas les seules, mais elles sont directement « inhibantes » pour mener certaines opérations, par exemple au Nord Mali. Nous devrons donc évidemment faire un effort pour combler ces lacunes et cela fait partie des réflexions que nous menons pour optimiser le modèle d'armées, ce qui demandera de porter l'effort de défense à 2 % du PIB.

En ce qui concerne le format Rafale, ce n'est pas là que se situent nos difficultés aujourd'hui. Certes, vingt Rafale en moyenne sont déployés sur trois théâtres, au lieu de deux théâtres et douze Rafale. Il faudra donc monter le contrat opérationnel. Mais, aujourd'hui, le nombre des Rafale est de 148 et le format de 180. Donc, nous y sommes presque. Le débat portera sur la dernière tranche, mais je n'ai pas d'inquiétude. Je rappelle que nous avons conclu trois contrats à l'export et, objectivement, ce n'était pas gagné d'avance. C'était d'ailleurs le premier risque de la LPM. Or, si nous exportons le Rafale, c'est parce qu'il s'agit d'un avion exceptionnel, dont nos clients ont pu apprécier l'efficacité dans nos opérations. Il fait d'ailleurs actuellement l'admiration de nos alliés au Levant. Le format est bon et je n'ai pas d'inquiétude, à ce stade, sur son respect. Un budget porté à 2 % du PIB permettra de sanctuariser évidemment tout cela.

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