Intervention de Général Richard Lizurey

Réunion du 18 octobre 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale :

On peut toujours faire mieux en matière de renseignement. Pour cela, il faut aujourd'hui développer un état d'esprit particulier consistant à passer du besoin d'en connaître au devoir de partager. Je ne dis pas que tout doit être mis sur la table mais il faut changer de culture dans le renseignement : le service localement compétent doit savoir quelles menaces sont présentes chez lui, alors que ce n'est pas toujours le cas actuellement. Il arrive en effet que des services découvrent, après un événement ou une opération, que des personnes dangereuses étaient présentes dans leur secteur.

C'est aussi une affaire de moyens juridiques. Nous disposons d'un certain nombre de bases de données et de fichiers qui comportent beaucoup de renseignements. Face à la menace exceptionnelle, à cet état de guerre cité par le Premier ministre, il faut se poser la question de leur interconnexion. Il ne s'agit pas, bien sûr, de faire n'importe quoi ; le système doit être contrôlé, vérifié, pour ne pas être détourné de sa finalité, mais cela permettrait de faire progresser, à moyens constants, la lutte contre le terrorisme.

S'agissant du nombre de cartouches disponibles pour l'entraînement, nous avons tiré les enseignements de la commission d'enquête puisque nous avons multiplié ce nombre par deux, passant de trente à soixante dans le cadre des séances d'instruction. Nous travaillons aussi à la mise en place complémentaire de moyens de simulation en matière de tir ; des expérimentations ont été réalisées avec des industriels. Nous avons d'ailleurs augmenté la dotation de cartouches dans le service courant, passant de vingt-cinq à trente, nous alignant ainsi sur la police nationale. Nous travaillons également sur un suivi longitudinal des gendarmes, actuellement expérimenté au GIGN, avec un carnet de formation individuel.

Oui, il faut détacher des officiers de gendarmerie à la DGSI mais la question est de savoir pour quoi faire. Cela peut avoir du sens si les personnels ont une compétence qui apporte quelque chose à la DGSI. Nous candidaterons sur des profils de poste où c'est possible. Je pense que nous arrivons dans une période où ce sera accepté. C'est le début de l'histoire. Pour en avoir discuté avec Patrick Calvar, je sais qu'il a des besoins sur un certain nombre de compétences.

Comme je l'ai dit, le SCRT compte 300 personnels, contre vingt-six, pour la partie renseignement, à la SDAO. Je ne suis donc pas sûr qu'un regroupement des deux s'avère beaucoup plus efficace. En outre, le regroupement me poserait problème car, en tant que chef opérationnel, j'ai besoin d'une capacité de renseignement dans le cadre de mes propres opérations, à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs, et ces vingt-six y suffisent à peine. Il faut tout de même noter que l'adjoint de la SDAO est un commissaire de police et qu'un adjoint du patron du SCRT est un gendarme. La vision intégratrice n'est pas toujours opérante ; en l'espèce, cela ne me paraît pas être le cas.

Au tout début, il fallait, pour l'emploi des véhicules saisis, une condamnation définitive. Dans un deuxième temps, permission a été accordée de les utiliser en cours d'instruction, mais une expertise était obligatoire ; il fallait que quelqu'un la paye, et nous ne le souhaitions pas. Tout cela a été réglé car il suffit désormais d'une évaluation par l'enquêteur lui-même. Nous conservons des véhicules dans la gamme classique, que nous pouvons entretenir dans nos ateliers autos. L'ensemble des unités est éligible à ce type de saisie. Ce n'est pas forcément l'unité qui saisit un véhicule qui s'en servira. Il s'agit de véhicules banalisés, de toutes marques.

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