Intervention de Laurent Tintignac secrétaire général adjoint de l'UNSA Défense

Réunion du 6 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Laurent Tintignac secrétaire général adjoint de l'UNSA Défense :

Beaucoup de choses ont déjà été dites.

Il est regrettable que votre commission n'ait pas eu accès au rapport Hamel.

S'agissant des plans pour l'égalité et contre la discrimination, des accords ont été signés. Mais cela demeure théorique : ce qui compte, c'est la vraie vie dans les établissements. Les syndicats disposent de référents et soutiennent les personnels concernés.

Nous participons également à la mise en place de groupes de travail sur les risques psycho-sociaux (GTRPS), car beaucoup d'agents sont en grande souffrance, notamment dans les bases de défense. « Si vous avez compris quelque chose au fonctionnement du ministère de la Défense », dit-on souvent par plaisanterie, « c'est que l'on vous a mal expliqué. » Ce maquis inextricable est à l'origine de nombreuses situations professionnelles dramatiques.

Les établissements doivent aussi mener les adaptations nécessaires pour assurer l'accès des personnels handicapés, notamment des personnes à mobilité réduite. Les syndicats attachent une grande importance à ces problèmes, ainsi qu'à l'égalité entre les hommes et les femmes : dans la réalité, le plafond de verre existe bel et bien au ministère de la Défense, chez les personnels civils également.

S'agissant de KMW et de Nexter, on nous a présenté cette alliance comme l'Airbus de l'armement terrestre. Mais la logique est ici purement défensive : c'est la restriction des budgets de la défense qui est à l'origine de la situation difficile de Nexter. Je viens moi-même de Tulle : aujourd'hui, c'est un véritable désert industriel.

De plus, la santé économique des deux entreprises n'est pas la même : l'entreprise allemande a fabriqué 3 200 chars Léopard, et l'entreprise française 800 chars Leclerc, dont 400 à perte pour les Émirats arabes unis. On devine facilement que les économies d'échelle conduiront à fragiliser celui qui est déjà le plus faible. Nexter éternue à chaque fois que le ministère de la Défense s'enrhume… Les baisses de budget successives l'ont gravement frappé. Tulle, Tarbes, Roanne sont aujourd'hui des friches industrielles, sans parler des désastres humains causés.

Quant à la fabrication du FAMAS, il y va de la souveraineté de notre pays. Nous regrettons profondément que la France en vienne à faire appel à des industriels israéliens, notamment pour ses munitions. Le ministre, cela a été dit, a abordé ce sujet : on sait aujourd'hui, en France, fabriquer des cartouches de chasse, mais pas des munitions pour nos militaires. C'est un comble ! Nous comptons sur vous pour faire avancer ce sujet.

La formation des ouvriers est un sujet majeur. Autant certains postes occupés par des officiers pourraient l'être par des personnels civils, autant il est difficile aujourd'hui de recruter un ouvrier spécialisé par exemple en structure composite, pour l'entretien du Rafale, soumis à une suractivité opérationnelle. Oui, il faut recruter des ouvriers de l'État pour exercer ces métiers stratégiques : le ministère de la Défense doit être capable d'entretenir ses propres matériels.

Je ne reviens pas sur les bases de défense. Je considère également qu'il ne faut pas changer d'organisation tous les cinq ou six ans : c'est une source de fragilité. Mais, c'est vrai, bien malin qui sait où trouver la bonne réponse et le bon interlocuteur : le fonctionnement actuel du ministère est d'une complexité sans nom.

Enfin, je ne fréquente pas Balard au quotidien. Les conditions de travail ont sans doute été améliorées, mais il faudra juger sur la durée – on sait comment vieillit ce type de structure. Ce qui nous pose problème, c'est aussi le montant du marché : trois milliards d'euros par an.

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