Intervention de Jean-François Munoz

Réunion du 6 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-François Munoz, vice-président de Défense CGC :

S'agissant de la discrimination et du harcèlement, je ne ferai qu'un seul commentaire : au ministère de la Défense, agir, cela veut souvent dire demander une formation « vernis » pour l'ensemble des personnels civils et militaires. Mais évidemment, il faudrait prévoir le financement idoine. En tant que directeur du centre de formation de la défense, je vous assure que j'ai bien du mal à mettre en place même deux à trois heures de formation sur ces thèmes.

De plus, la cheville ouvrière, c'est le chargé de prévention des risques professionnels. Or il est très difficile de trouver des collègues pour occuper ces postes. J'en forme une centaine par an, mais les besoins sont de 500 à 600 pour le ministère de la Défense. Il existe un rapport qui propose des pistes pour essayer de susciter plus de vocations. En attendant, le service des ressources humaines civiles a classé ces postes en groupe 3, c'est-à-dire l'avant-dernier…

S'agissant du FAMAS, il coûtait trop cher depuis très longtemps, et nous n'avons pas su franchir le cap de l'export. En 1990, l'ingénieur général Gilles Boeuf avait dessiné le plan stratégique de nos industries : il était question de garder les missiles et la construction navale, mais on laissait de côté l'armement terrestre. L'histoire est écrite. Le HK416 est un bon fusil, apprécié de nos forces spéciales.

S'agissant des ouvriers de l'État, j'ai des ordres très stricts pour maintenir leur niveau de formation, et j'ai les financements. En revanche, je manque de formateurs. J'ai réussi à mettre en place les structures nécessaires, mais je tire la sonnette d'alarme, comme tous mes collègues.

En 2017, nous allons passer de 500 à 1 500 apprentis. J'espère que l'on a prévu leur rémunération – car nous rémunérons souvent les apprentis avec des lignes budgétaires destinées à la formation, ce qui est très discutable.

Je déplore immensément, comme tous mes collègues, que nous n'embauchions pas systématiquement nos apprentis ; nous payons en revanche le chômage, comme employeur-formateur. C'est une logique qui m'échappe.

Les bases de défense, tout le monde l'a dit, sont nées de manière très autoritaire ; et elles ont connu de grands problèmes de gouvernance. Jamais elles n'ont disposé d'assez de temps pour mettre en place les procédures nécessaires. Il est impossible de comprendre comment elles fonctionnent. Quant au financement, il n'a jamais été mis en place : le directeur du service d'infrastructure de la défense (SID) vous confirmera qu'il ne dispose que de 10 % de l'argent nécessaire pour l'entretien des structures immobilières. Cela ne peut pas marcher.

Lors de la passation de pouvoir au nouveau commandant du GSBdD de Bourges-Avord, M. Guillaume Audoux, le général de brigade Iralour lui a dit : « Cher ami, vous avez moins d'effectifs, moins d'argent et plus d'emmerdes : bon courage ! ». Certains sont déjà formés et savent à quoi s'attendre. Ce n'est pas toujours le cas. Je souhaite bien du courage à tous.

Pour conclure, puisque le temps presse, j'appelle l'attention de tous mes collègues sur le fait que la DGA voudrait céder les essais-mesures aux industriels. C'est un combat qui dure depuis vingt ans, mais il faut demeurer vigilant.

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