Intervention de Rudy Salles

Réunion du 2 novembre 2016 à 17h00
Commission élargie : finances - affaires économiques - développement durable - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles :

L'école est au coeur de la plupart des polémiques contemporaines, qu'il s'agisse de l'égalité des chances, de la laïcité ou bien de l'idéal démocratique. À travers l'institution scolaire, ce sont notre héritage, nos valeurs, notre avenir que nous construisons et transmettons.Elle se doit d'offrir des perspectives d'avenirà chacun des enfants de la nation. Or les chiffres sontparticulièrement accablants : 150 000 jeunes quittent l'école chaque année sans diplôme ; 20 % des élèves qui entrent en classe de sixième ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux ; environ 7 % de la population française souffre d'illettrisme.

Lors de sa campagne, le candidat Hollande avait annoncé la création de 60 000 postes supplémentaires et il aura fallu une astuce comptable pour arriver finalement à ce chiffre à la fin du quinquennat. Le PLF 2017 prévoit la création de 12 842 postes qui s'ajoutent aux 47 158 postes créés depuis 2012. Pour autant, près de la moitié des créations de postes prévues dans l'enseignement scolaire concernent la réforme de la formation, avec 1 000 ETP créés pour la formation et 26 000 enseignants-stagiaires.

Il ne suffit pas d'inscrire ces nouveaux postes dans le budget pour que tous soient effectivement pourvus par des enseignants formés et opérationnels. Certains postes sont souvent occupés par des contractuels quand les concours d'enseignants n'ont pas tous été pourvus dans des zones peu attractives ou des matières en déficit de candidats, comme les mathématiques et l'anglais. En 2013, ce sont ainsi 43 % des postes qui n'ont pas été pourvus. Sur le terrain, beaucoup d'instituteurs ne voient pas les changements espérés ni l'arrivée de nouveaux collègues.

Malgré une légère revalorisation des salaires, le métier a perdu de son attractivité. En 2014, 74,3 % des dépenses d'éducation ont été consacrées aux salaires, charges et pensions, mais les professeurs français sont moins bien rémunérés qu'ailleurs : le salaire moyen des professeurs des écoles est inférieur de 17 % à la moyenne des pays de l'OCDE et l'écart est de 30 % pour les professeurs du secondaire. De plus, la perspective pour les jeunes professeurs de commencer leur carrière dans des quartiers réputés difficiles freine le recrutement.

La formation continue des enseignants est également critiquée de manière récurrente. Un récent rapport de nos collègues Reiss et Ménard, présenté devant notre commission au début du mois d'octobre, a dressé un constat alarmant sur l'état de la formation continue des enseignants. Ceux-ci bénéficient en moyenne de quatre jours de formation par an, contre huit dans la moyenne des pays de l'OCDE. Renforcer les moyens de la formation continue au sein de l'éducation nationale est donc une impérieuse nécessité. Or les crédits alloués cette année ne sont pas à la hauteur des enjeux ; ceux de la formation des personnels de l'enseignement public du premier degré baissent même de 2,33 % sur un an.

Mes chers collègues, depuis plusieurs années, les rapports alarmants sur la situation de l'éducation nationale s'accumulent mais les préconisations mises en oeuvre restent trop timides, quand elles ne sont pas dévoyées. Dans son dernier rapport, le Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO) a ainsi très justement souligné la reproduction des inégalités à travers les zones d'éducation prioritaires (ZEP). Notre école est donc toujours plus inégalitaire.

Depuis 2012, le système éducatif n'aura ainsi connu que des réformes au mieux inutiles au pire néfastes : l'abandon de la petite enfance, le bouleversement des rythmes scolaires et la décomposition des apprentissages au collège. Il est grand temps d'engager une réforme autour des savoirs fondamentaux et de l'apprentissage des langues, conduite par des professeurs rémunérés à leur juste valeur.

Madame la ministre, j'ai écouté votre litanie de sujets d'autosatisfaction, ainsi que celle de Mme Sommaruga, la porte-parole du groupe socialiste. Avec autant de succès, comment François Hollande peut-il culminer à 4 % d'opinions favorables ?

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