Intervention de Annie Genevard

Réunion du 2 novembre 2016 à 17h00
Commission élargie : finances - affaires économiques - développement durable - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

En matière de rémunération, vous avez décidé d'aligner l'indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves pour les enseignants du primaire sur celle du secondaire. Cette mesure n'est pas illégitime, mais il faut la ramener à sa juste proportion : cette prime représente 57 euros supplémentaires par mois, soit une augmentation de 3 % du salaire médian. Ce n'est pas cela qui redonnera une attractivité au métier d'enseignant, dont l'amélioration timide est surtout à mettre en relation avec le taux de chômage des jeunes.

Comment ne pas voir dans cette décision, qui s'appliquera quatre mois avant l'élection présidentielle, une tentative pour ramener vers vous l'électorat enseignant, tout en laissant à vos successeurs le soin de la financer ? La ficelle est un peu grosse. Vous espérez ainsi endormir la colère et les déceptions des enseignants, qui sont bien réelles, quoi que vous en disiez.

Nous avions choisi une approche différente, avec la défiscalisation des heures supplémentaires et la prime de 500 euros, qui permettaient de gagner bien davantage pour un service accru délivré par des enseignants expérimentés alors qu'aujourd'hui, pour satisfaire votre promesse de création de 60 000 postes, vous laissez faire des recrutements dans des conditions indignes dans certaines académies déficitaires. Plus que jamais, vous auriez été bien inspirés de suivre les préconisations du rapport de la Cour des comptes, pour qui la question des moyens – votre unique obsession – doit être corrélée à leur bonne utilisation. Vous auriez pu vous attaquer à l'un des maux de notre système éducatif, sa centralisation excessive. Pourquoi avoir supprimé, dès votre arrivée au pouvoir, la prime de 500 euros et la défiscalisation des heures supplémentaires, qui valorisaient substantiellement la rémunération des enseignants du secondaire ?

L'évaluation des enseignants, pudiquement appelée « rendez-vous de carrière », tous les sept ans, pose également question. Que se passe-t-il en cas de défaillance de l'enseignant entre deux rendez-vous ? On peut également s'interroger sur votre conception du coeur de la mission de l'enseignant quand le savoir disciplinaire n'est qu'un des onze critères retenus pour cette évaluation.

Enfin, j'ai en mémoire le rapport de nos collègues Yves Durand et Rudy Salles sur l'évaluation des politiques publiques en faveur de la mixité sociale dans l'éducation nationale, qui démontrait la faiblesse des trois dispositifs que vous considérez comme emblématiques de votre action : les ESPE, le dispositif « Plus de maîtres que de classes », et la scolarisation des enfants de moins de trois ans.

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