Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 9 novembre 2016 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2017 — Enseignement scolaire

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche :

Monsieur Demarthe, il a été évoqué tout à l’heure un rapport du CNESCO, relatif à l’éducation prioritaire. Un rapport plus récent du même organisme, datant d’à peine deux jours, souligne la nécessité d’une stabilité et d’une continuité des politiques publiques d’éducation, notamment celles qui portent sur le recrutement des enseignants, si nous voulons qu’elles donnent des résultats. C’est d’une telle évidence que je voudrais vraiment y revenir devant l’Assemblée tout entière. Rien n’est pire que le stop and go pour détourner les vocations des carrières enseignantes. Nous sommes bien placés pour savoir à quel point il a été difficile, depuis 2012, de rendre à nouveau attractifs les métiers de l’enseignement et de reconstituer le vivier qui s’était asséché du fait des décisions prises sous le quinquennat précédent.

J’ai vraiment un voeu à émettre : j’aimerais que l’on trouve un consensus, sur tous les bancs, sur ce sujet au moins, tant il est important pour l’éducation de nos enfants d’avoir des professeurs de qualité, venant par choix vers les métiers de l’enseignement, et de ne pas être obligé de recourir à des contractuels et de constater des absences non remplacées, ce qui ne satisfait absolument personne.

Simplement, pour pouvoir y remédier, il ne faut pas changer de politique tous les cinq ans. Je le dis comme je le pense : même si certains estiment que, depuis 2012, nous avons fait beaucoup, voire trop, en termes d’emplois dans l’éducation – nous en avons créé 54 000 –, il faudra continuer et aller plus loin durant le prochain quinquennat, parce que l’évolution démographique de notre pays le veut, le nécessite, l’impose. Si nous voulons démocratiser véritablement la réussite, nous devons assurer un accompagnement de plus en plus personnalisé, ce qui requiert des moyens – cela a été évoqué tout à l’heure.

Pour revenir à votre question sur l’attractivité du métier d’enseignant, le protocole PPCR est notre calendrier. Nous avons tout simplement voulu remettre à niveau la rémunération des enseignants. Vous savez que nous sommes aujourd’hui dans la moyenne basse de l’OCDE – l’Organisation de coopération et de développement économiques. Nous voudrions rejoindre les pays qui sont dans la moyenne haute, comme l’Allemagne. C’est la raison pour laquelle a été dégagée cette perspective d’1 milliard d’euros sur trois ans. En 2019, c’est-à-dire dans trois ans seulement, lorsque nos enseignants commenceront leur carrière, ils percevront une rémunération de base annuelle augmentée de 1 400 euros par rapport à aujourd’hui. Sur l’ensemble d’une carrière de certifié, la revalorisation du PPCR se traduira par 24 000 euros supplémentaires.

Surtout, ce protocole PPCR nous a permis de revoir les modes d’inspection, d’évaluation des enseignants et de reconnaissance de leur engagement. C’est ainsi que des enseignants ayant exercé huit ans en éducation prioritaire ou comme directeur d’école auront désormais droit à une reconnaissance, qui passera par une accélération de carrière et une amélioration assez conséquente de leur rémunération. Je crois que c’est aussi de nature à attirer des personnels de qualité vers les postes difficiles.

Enfin, ce protocole PPCR, c’est 1 milliard d’euros de crédits sur les trois ans qui viennent, je le répète, mais d’ores et déjà 500 millions d’euros en 2017. Certains me demandent ce qui garantit que les 500 millions restants seront bien provisionnés dans le budget pour 2019. C’est un choix politique. Je peux vous dire que, si je reste à la tête de ce ministère, j’irai évidemment jusqu’au bout !

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