Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 15 novembre 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre le terrorisme

Manuel Valls, Premier ministre :

Madame la députée, comme tous nos compatriotes, nous nous sommes recueillis dimanche dans le souvenir. Nous y étions avec le Président de la République, la maire de Paris, les élus de Saint-Denis et vous-même, et nous avons tous vécu cela avec beaucoup d’émotion – je ne veux que restituer ce que chacun a bien ressenti. Il y avait en effet beaucoup d’émotion, de dignité et de respect de la part des proches, des familles des victimes et des victimes elles-mêmes, des personnes blessées physiquement ou psychologiquement par ces attentats. J’ai en mémoire les mots très forts prononcés à Saint-Denis, après le magnifique concert de Sting au Bataclan dimanche matin, par le fils de celui qui a été tué dans l’attentat commis près du Stade de France. J’ai surtout en mémoire, comme sans doute Bernard Cazeneuve, les mots et les interrogations de tous ceux qui se sont retrouvés pendant un long moment devant le Bataclan.

Ce que je ressens, c’est une grande force dans le peuple français, au-delà des fractures, des divisions, des interrogations et de la demande très forte de protection. Ce que je ressens, c’est beaucoup de dignité et de force. Notre rôle à tous est d’accompagner cette dignité, cette force et ce respect pour faire face au terrorisme.

Il serait trop long de détailler ce que le ministre de l’intérieur a souvent l’occasion d’exposer à ce propos, mais faire face au terrorisme, c’est évidemment être totalement mobilisés. C’est le rôle de nos forces de sécurité, du renseignement et de la justice, dont je veux saluer le travail, ainsi que celui des services de santé et de la sécurité civile, qui étaient avec nous dimanche dernier. Je ne puis que vous dire, sous le contrôle de Bernard Cazeneuve, que tous les jours, toutes les semaines, des réseaux djihadistes sont démantelés, des personnes sont interpellées et des attentats sont régulièrement évités – vous le savez bien.

La force doit aussi consister à être lucides sur la menace. C’est la raison pour laquelle nous proposerons au Parlement de prolonger l’état d’urgence, parce que la France est aujourd’hui engagée en Irak et en Syrie, parce que nous sommes confrontés à un tel niveau de menace et aussi parce que nous entrons dans une phase électorale et que la démocratie est très directement visée par les terroristes.

La mobilisation, c’est aussi, bien sûr, la lutte contre la radicalisation. C’est l’éducation nationale, les travailleurs sociaux et la société tout entière. J’ai assisté hier à un beau débat après la projection du film Le Ciel attendra, qui montre bien la puissance de la radicalisation dans notre pays – c’était le sujet de la question posée la semaine dernière par Malek Boutih. Nous devons être conscients qu’aujourd’hui, des centaines, des milliers de jeunes sont concernés par cette radicalisation et que s’il y a évidemment d’abord une réponse sécuritaire, nous devons également prendre pleinement les choses en main et donner du sens à notre société face à ce danger qui nous guette.

Enfin, vous l’avez dit, chacun doit prendre ses responsabilités, notamment au niveau européen. La France, vous le savez bien, a pris les siennes, au Sahel comme au Levant. L’Europe doit en prendre pleinement conscience, par la protection de ses frontières, la coordination du renseignement et l’engagement sur le terrain, pour combattre le terrorisme et en finir avec Daech.

Madame la députée, en répondant à votre question, j’ai la conviction que nous vaincrons le terrorisme, car il y a assez de force dans la société française pour surmonter cette épreuve. Mais la condition, c’est la détermination et l’unité du peuple français.

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