Intervention de Fernand Siré

Séance en hémicycle du 15 novembre 2016 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2017 — Santé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFernand Siré :

Madame la ministre, vous nous avez présenté un projet de loi de financement de la Sécurité sociale dont vous êtes satisfaite. Pas nous, ni les médecins libéraux généralistes, dont il manque 30 à 40 % d’installations dans les zones rurales mais aussi dans certaines zones urbaines ou désertifiées.

Et que dire de ce que vous déployez dans le cadre du projet de loi de finances ! On continue de naviguer à contresens. Depuis 2013, les crédits des missions affectées aux instituts chargés de la veille sanitaire et de la prévention, aujourd’hui réunis au sein de l’Agence nationale de santé publique, ont chuté de 38,2 %, alors qu’on augmente dans le même temps de 40 % les crédits du programme qui finance l’aide médicale de l’État – AME. Procéder à de telles coupes budgétaires en matière de prévention est extrêmement inquiétant, d’autant plus que le système de santé est déjà extrêmement fragilisé par le manque de médecins et par un personnel soignant débordé.

Les jeunes médecins diplômés renoncent à s’installer à la fin de leurs études, du fait des contraintes de travail auxquelles s’ajoutent des contraintes administratives et financières. La nouvelle convention n’est pas signée par les syndicats les plus représentatifs, malgré l’aumône consentie aux médecins français, qui sont les moins rémunérés d’Europe. Pour les médecins spécialistes, le problème est encore plus flagrant : il faut six mois à un an pour obtenir un rendez-vous, et les médecins qui partent à la retraite ne sont pas remplacés.

En milieu hospitalier, 30 % de postes offerts et nécessaires ne sont pas pourvus. Les hôpitaux ont recours à des médecins intérimaires, dont la rémunération avoisine les 1 000 à 1 500 euros par jour dans de nombreuses spécialités, comme la radiologie, l’anesthésie ou les urgences. Cela grève le budget des hôpitaux, mais c’est souvent la seule solution pour éviter la fermeture de services. En outre, ils ont recours à des médecins d’origine étrangère, non européens, sous-payés et ayant une formation différente de la nôtre. Le numerus clausus est certes un facteur aggravant, mais il n’explique pas tout. De même, le mouvement des infirmiers et des aides-soignants exprime le ras-le-bol d’un personnel surexploité et sous-payé, taillable et corvéable à merci.

Cette misère du monde médical nous amène à des situations catastrophiques et dramatiques. Aussi, Madame le ministre, que comptez-vous faire pour apporter des solutions concrètes et pérennes à tous ces problèmes, qui mettent en danger la santé de l’ensemble de nos concitoyens ?

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