Intervention de François Rochebloine

Séance en hémicycle du 16 novembre 2016 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2017 — Médias livre et industries culturelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Monsieur le Président, madame la ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur spécial, mesdames, messieurs les rapporteurs pour avis, mes chers collègues, « il n’y a qu’un journal qui puisse venir déposer au même moment dans mille esprits la même pensée », écrivait à l’époque Tocqueville. Les médias rapprochent en effet les hommes et, outre cette contribution essentielle à la démocratie, l’industrie culturelle dans son ensemble est un secteur d’excellence vital pour la croissance, pour l’innovation et pour l’emploi, que nous devons sauvegarder.

Au-delà des divergences politiques, la presse représente un engagement tacite de la République envers les citoyens et la vitalité du suffrage universel, et c’est pourquoi nous attachons autant d’importance au programme 180 « Presse et média ». Aujourd’hui, les médias permettent aux citoyens de se forger leur opinion et de l’enrichir, l’indépendance de la presse en étant une condition sine qua non.

Les relations financières de l’État avec l’Agence France Presse, que vous avez évoquées, madame la ministre, représentent près de la moitié des crédits du programme 180 et nous ne pouvons que nous féliciter que l’AFP figure dans le trio de tête des agences mondiales d’information. Pour autant, comme l’ensemble du secteur, elle subit de plein fouet la crise de la presse écrite française et la concurrence des réseaux sociaux. Si, à première vue, l’augmentation de près de 5 millions d’euros de l’aide allouée par l’État est une bonne nouvelle, en réalité, elle n’enraye en rien son désengagement progressif et le creusement de la dette de l’AFP. Les députés du groupe UDI sont attachés à la bonne conduite des finances publiques et, à ce titre, soutiennent les efforts de gestion que l’Agence accomplit. À l’avenir, il faudra veiller à ce qu’elle bénéficie des moyens nécessaires pour exercer ses missions.

Outre le soutien à l’Agence France Presse, le programme 180 rassemble les crédits destinés aux aides directes à la presse écrite. Nous saluons volontiers le soutien de l’État à la presse, mais nous regrettons que le Gouvernement ait attendu l’année 2016 pour accompagner les médias émergents avec la création du Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse. Cela étant, nous prenons acte de cette initiative, même tardive, car elle vise à apporter une aide financière aux nouvelles entreprises de presse au cours de leurs premières années d’existence. Malgré la crise, des journaux naissent et trouvent leur public, ce qui contribue encore un peu plus à renforcer le pluralisme. Nous notons par ailleurs que, pour la première fois, le Gouvernement va demander aux groupes de presse une contrepartie au versement de ses aides directes, comme cela se pratique dans d’autres secteurs, tel le cinéma. Cette mesure réclamée par la Cour des comptes est une initiative que nous soutenons et qui s’inscrit dans un mouvement de responsabilisation des bénéficiaires de l’argent public.

Nous notons aussi que la réforme du financement de l’audiovisuel public touche à sa fin puisqu’il n’y a plus trace dans ce budget des crédits destinés à France Télévisions. Néanmoins, l’octroi de taxes spécifiques ne diminue pas l’ampleur des moyens alloués par l’État. La trajectoire financière prévue apparaît toutefois hautement incertaine et nous craignons que les orientations stratégiques ne fassent peser un risque industriel fort sur l’entreprise. Nos craintes sont malheureusement partagées par la Cour des comptes, qui a jugé très sévèrement la gestion de France Télévisions dans son rapport d’octobre 2016.

Le développement de France 24, en revanche, est un facteur de satisfaction, et je souhaite saluer comme vous la création de la version espagnole de France 24, projet porté par Mme Saragosse et que Patrice Martin-Lalande et moi-même avons soutenu en commission élargie.

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