Intervention de Jean-François Carenco

Réunion du 23 novembre 2016 à 19h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Jean-François Carenco, préfet de la région Île-de-France, préfet de Paris :

Je ne me permettrais pas d'insulter les élus du peuple !

Il était indispensable d'inventer quelque chose, même si, en 2020, il faudra proposer une « version 2 ». Il faut cependant prendre le temps de voir évoluer l'expérience en cours, et ne pas tout remettre à plat dès la prochaine législature. Cela me paraîtrait un peu précipité.

J'en viens à la question relative aux SAFER. Nous construisons une métropole dont j'ai dit qu'elle n'était pas nécessairement une extension de la conurbation, mais qui n'en est pas moins dense. Le choix a été fait de densifier fortement et fermement la construction. Mais le complément de la densification, c'est la préservation de la beauté architecturale et des espaces verts. Vous constaterez qu'en petite couronne, on n'a jamais autant inscrit de monuments historiques. J'ai aussi lancé la création d'un service territorial de l'architecture et du patrimoine (STAP) métropolitain avec des architectes des bâtiments de France (ABF). Il faut également préserver les espaces verts : nous avons réussi à protéger l'arc boisé. Je me bats pour la forêt de Bondy, et je regarde ce que nous pouvons faire pour la forêt de Saint-Germain qui est en train de disparaître. Il faut se battre pour la préserver, en prenant des mesures de police contre les gens qui veulent acheter un morceau de forêt pour abattre et construire. Nous pouvons restituer de petits espaces à la forêt grâce aux SAFER. « Ce n'est pas dans leurs habitudes », me dit-on. Peut-être, mais elles sont l'outil le plus simple pour agir, et ses représentants sont des gens biens. L'idée est tout simplement d'éviter que les forêts disparaissent. Il faut nous donner tous les moyens, quels qu'ils soient, pour lutter contre l'étalement urbain.

Je n'ai pas vocation à répondre à la question relative à Orly, mais je pense qu'il faut rester logique : on fait tout, ou on ne fait rien !

J'en viens aux compétences en matière de circulation. Le problème est posé en raison de la décision de la maire de Paris de piétonniser les voies sur berges. Je me souviens de leur ouverture à l'époque du président Pompidou : on peut dire que ça râlait ! La situation s'est ensuite inversée. En vertu des textes, la décision du maire relève bien de sa compétence et de sa seule compétence. Sur le fond, le mouvement de la piétonisation est enclenché dans les autres grandes capitales européennes, et l'on va vers un changement des modes de circulation. Je l'ai dit à la maire, je pense profondément qu'elle a raison, mais il reste la question de savoir si elle n'a pas été trop rapide et si elle n'est pas allée trop loin. À partir du moment où elle est compétente, et si le préfet de police donne un avis favorable, il n'y a rien à dire. De toute façon, tout le monde sait bien que, dans dix ans, ce sera une évidence. Peut-on prendre ce type de mesure progressivement ? Je n'en sais rien, je n'y ai pas réfléchi. Parfois, je me demande pourquoi on n'a pas plutôt piétonnisé le haut des quais. Il y a des élus ; ils décident souverainement. C'est leur fonction. Et puis, même si je trouve parfois que c'est une évolution un peu rapide, sur le fond, c'est bien dans cette direction que nous irons, quoi qu'il arrive.

Faut-il conclure de cette expérience qu'il est nécessaire de considérer la circulation d'un point de vue plus « large » ? Vraisemblablement, et je pense que ce serait plutôt du niveau métropolitain que régional. La loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la république, dite « loi NOTRe », permet d'ailleurs à la région de manifester son intérêt, mais c'est uniquement pour accorder des subventions.

À quoi sert la métropole ? C'est une assemblée de maires, et Patrick Ollier, le président de la métropole, fait tout pour que cela reste ainsi. C'est aussi un lieu de convergence. Le bureau de la métropole est une construction de la métropolisation : les élus ont su se rassembler. La métropole sert donc à rassembler, et elle constitue un élément de la version zéro de quelque chose qui reste à construire.

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