Intervention de Pierre-Yves Le Borgn'

Réunion du 23 novembre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Yves Le Borgn' :

Je souhaiterais tout d'abord faire une observation sur les États du Rust belt, que je connais bien pour y avoir travaillé. J'ai été frappé par l'insuffisante prise en compte, dans la campagne de Mme Clinton, de la désespérance de certaines poches de population autour de villes comme Pittsburgh ou Detroit. De fait, ce sont ces États qui ont donné la victoire à Donald Trump. Je m'interroge donc sur le choix de Mme Clinton de ne pas parler suffisamment à la population de ces États, voire sur un certain aveuglement qui l'a conduite à se concentrer davantage sur des États réputés plus difficiles, tels que la Caroline du Nord ou la Floride, qui, contrairement à ceux du Rust belt, ne sont pas spontanément démocrates.

Par ailleurs, la carte électorale des victoires de Bill Clinton, notamment celle de 1992, montre une Amérique complètement différente. Elle ne ressemble pas à la carte des victoires d'Obama et encore moins à celle de la dernière élection. Comment expliquer un changement aussi profond ? Dans le Midwest, par exemple, notamment dans la vallée du Mississipi, et jusqu'à l'Arkansas, l'État de Bill Clinton, qui lui était acquis, les démocrates sont aujourd'hui largement distancés.

J'en viens à ma question, qui porte sur la Cour suprême. Celle-ci est, de fait, vieillissante. L'un des juges est du reste décédé – dont le successeur n'a pu être nommé par Obama, les Républicains préférant attendre le résultat de l'élection présidentielle –, et l'on peut s'attendre à une ou deux vacances supplémentaires durant le mandat de Donald Trump. Or, celui-ci risque de nommer des juges aux positions extrêmes sur certains sujets, notamment l'avortement, afin de renverser une jurisprudence très ancienne sur le sujet et de renvoyer cette question aux États. Pensez-vous que le Sénat est susceptible d'accepter ce type de nominations extrêmes ? Beaucoup, que ce soit en politique intérieure ou en politique étrangère, dépend de la composition de la Cour suprême, pour le prochain mandat mais également pour les suivants.

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