Intervention de Stéphane Mayer

Réunion du 30 novembre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Stéphane Mayer, président du groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres :

KNDS a une position sur ce sujet, très claire et partagée par tous les actionnaires et le management de l'entreprise. Je ne suis pas prêt à l'exprimer aujourd'hui dans le cadre d'une audition publique. Je me ferai en revanche un plaisir, Monsieur Fromion, Monsieur Meunier, de vous l'exposer en dehors de cette salle.

Nous avons une stratégie de consolidation : je ne sais pas si elle doit nous mener d'abord en Italie puis en France, ou s'il faut commencer par l'Allemagne, ou encore par la France. En tout état de cause, notre structure nous permet soit d'ouvrir notre capital à de nouveaux acteurs, soit de procéder comme toute entreprise à une acquisition sans modification de la structure de notre capital. Je ne fais que reprendre les éléments théoriques rendus publics lors de la création de KNDS, dont le but était de mettre en oeuvre une stratégie de consolidation européenne avec des accords de gouvernance et une structure financière adaptée à différentes configurations.

Je rappelle que le processus de la vente annoncée par Volvo n'a pas encore commencé, et que je ne sais pas combien vaut RTD. Je ne peux pas me prononcer au nom de KNDS aujourd'hui, et encore moins publiquement. Je le répète : je pourrai vous rencontrer pour vous présenter notre position ; elle est parfaitement claire et parfaitement concertée. Je me réjouis d'ailleurs de la convergence de vues de plus en plus fréquente entre Nexter et KMW, que ce soit dans la façon d'aborder les marchés exports, dans la mise en oeuvre du projet de rapprochement par thèmes, ou dans la stratégie.

J'en viens au programme SCORPION. Il s'agit non seulement de remplacer des VAB hors d'âge, des Sagaie ou des AMX 10 RC anciens, mais aussi de moderniser l'ensemble de l'outil. Le programme ne vise pas un remplacement à l'identique, loin de là : il s'agit de proposer des outils beaucoup plus modernes, plus efficaces et très bien équipés. Selon le calendrier actuel, le premier véhicule Griffon doit être livré en 2018, et une montée en cadence est prévue tout au long de l'année 2019. Le premier véhicule Jaguar doit être livré en 2020, avec une montée en cadence au début de l'année 2021. Aujourd'hui, pour la première tranche de cent dix engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) et de 780 véhicules blindés multirôles (VBMR), sur un total de 1 900 véhicules, des livraisons sont prévues de la fin de l'année 2018 jusqu'en 2033.

Pour répondre aux besoins des armées, assurer une meilleure protection de nos soldats, une meilleure efficacité sur le champ de bataille et une meilleure homogénéité du parc plus rapidement, nous sommes capables de raccourcir certains délais de livraison. Cela ne vaudra pas pour les premières années, car nous ne pourrons pas sauter les étapes de qualification ni celle de la montée en cadence, toujours industriellement complexe. Nous pourrons en revanche doubler les cadences à partir de 2020 ou de 2021 pour que ce qui devait être livré à l'horizon de 2033 soit disponible dès 2026.

Je crois savoir qu'une convergence de vues existe sur ce sujet entre le ministère de la Défense, l'armée de terre, la DGA et les industriels concernés. Reste à déterminer le coût total du programme, et à savoir si les finances de l'État permettent d'assumer ce coût, après avoir déduit les dépenses de maintien en condition opérationnelle que ce dernier n'aura pas à consentir pour un matériel vieillissant retiré plus rapidement. C'est la seule question qu'il faut encore résoudre avant que nous puissions « appuyer sur le bouton ». Les trois industriels impliqués – Thales, Renault Trucks Defense, et Nexter – s'en réjouissent, tout comme les dizaines de PME qui contribuent à ce projet.

J'en viens aux questions de M. Folliot relative à l'exportation. Nos entreprises exercent une vigilance absolue s'agissant du respect des règles de l'OCDE en matière de corruption. Une obligation de compliance interne est en place ainsi que des obligations de reporting à nos actionnaires sur ce sujet. Il y a certains pays dans lesquels nous n'irons pas. Nous sommes parfois obligés de renoncer à sortir du cadre, mais l'équation est claire et assumée : soit nous respectons le cadre, soit nous n'allons pas vendre.

Le processus devant le CIEEMG fonctionne bien, il est assez réactif et rapide. Tel que je l'ai vu fonctionner avec mon expérience récente, je considère qu'il est efficace. Le GICAT soutient d'ailleurs les PME confrontées à cette procédure à laquelle les grands donneurs d'ordres sont habitués. Il existe aussi une procédure d'arbitrage à laquelle il est possible de recourir le cas échéant.

Vous m'avez interrogé sur les « conseillers défense ». J'insiste sur tout le soutien dont nous avons besoin et que nous obtenons de la part du ministère de la Défense, de la DGA, de l'armée de terre, mais aussi du réseau des ambassadeurs et des attachés de défense, tout à fait efficace. La nouvelle diplomatie économique fonctionne : le fait qu'un ambassadeur organise des rendez-vous avec des membres du gouvernement d'un pays client cible constitue un atout pour notre industrie. Le fait que des conseillers défense soient présents dans les pays en question, à l'écoute, en relation avec les militaires, les donneurs d'ordres et les prescripteurs représente une véritable force qu'il faut absolument entretenir. Je me trouvais il y a dix jours dans un pays du Moyen-Orient dans lequel nous avons de grands espoirs. J'ai été accueilli par l'ambassadeur et l'attaché de défense qui avaient organisé un rendez-vous chez le ministre de la Défense – avant la rencontre, l'attaché m'a donné les derniers éléments relatifs à l'environnement et à ses relations avec les militaires locaux. C'est un complément utile, voire indispensable, à notre propre réseau commercial dans les pays concernés.

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