Intervention de Pierre Lellouche

Séance en hémicycle du 14 décembre 2016 à 15h00
Statut de paris et aménagement métropolitain — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

S’agissant de la première question, qui porte sur Paris, la métropole et la région, le moins que l’on puisse dire c’est que l’objectif du Grand Paris souhaité par Nicolas Sarkozy parait plus éloigné que jamais. La loi ne fait que conforter le mille-feuille administratif existant : un Paris enfermé à l’intérieur de son périphérique, une métropole récemment créée mais dont la plupart de nos concitoyens ignorent tout, même l’existence, et une région qui peine à s’imposer, tant face à la ville de Paris que face à l’État, avec au final un empilement de structures, de sources de financement, un alourdissement des coûts et une lourdeur générale, lorsque ce n’est pas une paralysie, dès lors qu’il s’agit de décider en commun des grandes options d’avenir ou des grands équipements pour la ville et la région.

À ma connaissance, mais peut-être suis-je mal informé, il n’existe pas au niveau de la ville et de la région de plan commun qui lui permettrait de satisfaire son ambition scientifique et économique à l’échelle internationale. Il n’existe pas davantage de stratégie commune de développement économique et financier, ni de stratégie d’équipement public cohérente qu’il s’agisse des transports, de la santé, de l’éducation ou de la formation.

Chacun de ces grands domaines est saucissonné, balkanisé, revendiqué tantôt par Paris, tantôt par la région, tantôt par l’État, quand la métropole nouvellement créée n’essaie pas, de son côté, de s’immiscer dans tel ou tel projet pour trouver une quelconque raison d’être. Ce qui existe, c’est un empilement de structures, d’établissements publics, de fonds divers et variés.

Je prends un exemple précis : au mois de mars 2017, Mme Theresa May, première ministre britannique, déclenchera l’article 50 du Traité sur l’Union européenne et le Brexit entrera en vigueur. Le référendum sur le Brexit a eu lieu il y a six mois. Quelle est, à ce jour, la stratégie de Paris pour tenter de rapatrier les quelque 300 000 emplois dédiés à la place financière de Londres ? Quels sont les moyens concrets mis en oeuvre par la ville, la région ou le Gouvernement ? Comment ces moyens sont-ils regroupés ?

Ce qui est vrai pour la finance l’est aussi en matière scientifique et commerciale. Toutes les grandes métropoles mondiales, y compris chinoises, ont désormais une stratégie d’ensemble, un conseil scientifique, un business conseil. Ce n’est pas le cas de Paris.

La loi aurait pu fixer des orientations dans ce domaine, elle ne l’a pas fait. Tout se passe comme si, pour ne froisser ni les uns ni les autres, pour ne pas empiéter sur le territoire et les prébendes de telle ou telle catégorie d’élus, on se contentait de maintenir l’existant, c’est-à-dire un mille-feuille administratif coûteux et inefficace, sans la moindre vision pour l’avenir.

L’exemple le plus caricatural de ce « désordre organisé », si j’ose dire, est la récente décision unilatérale de la maire de Paris – qui vient malheureusement de quitter la tribune – de neutraliser un axe majeur de circulation d’intérêt régional – je parle de la fermeture des voies sur berges – sans avoir consulté quiconque, au mépris des enquêtes publiques, décision qui aboutit à une perturbation majeure des transports, y compris des transports publics, à Paris et en Île-de-France.

Pourtant, les transports font théoriquement partie des attributions communes de la ville et de la région. Ce qu’un enfant de huit ans peut comprendre, à savoir que fermer une voie aussi cruciale que les voies sur berges, a un impact sur tous les transports de la région, apparemment les grands responsables parisiens n’arrivent pas à le percevoir.

Si cette loi n’améliore en rien la fluidité de la prise de décision et la coordination des politiques entre la ville, la région et la métropole, si donc l’ambition d’une métropolisation des grands projets n’y figure pas, qu’en est-il de l’administration interne de la cité de Paris proprement dite ?

Là encore, le texte qui nous est proposé est très décevant au regard des objectifs qui auraient dû être ceux d’une telle réforme. L’unique avancée consiste à fusionner la commune et le département, donc à en finir avec un mode d’organisation baroque, héritage d’une histoire lointaine, pour instaurer une nouvelle collectivité unique dénommée « Ville de Paris » qui exercera des compétences communes à partir du 1er janvier 2019.

Pour autant, le projet de loi permettra-t-il une meilleure administration de la ville ? À en juger par l’état de la ville de Paris, après seize ans d’administration socialiste, le moins que l’on puisse dire, c’est que le scepticisme s’impose. Depuis 2001, la ville a engagé 14 000 fonctionnaires en plus, ses impôts ont augmenté de 25 % et la dette parisienne a été multipliée par cinq. Avons-nous pour autant une ville plus propre, une pléthore de logements et d’équipements publics, un nombre d’écoles ou de crèches en nombre suffisant ?

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