Intervention de Antoine Herth

Réunion du 14 décembre 2016 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Nous saluons le travail réalisé par le rapporteur, dont la proposition de loi est en effet issue des travaux de la commission d'enquête sur les abattoirs, qui nous ont permis de disposer d'un état des lieux aussi détaillé que possible sur la question de l'abattage, d'un véritable tableau de bord de la situation.

Nous avons su, jusqu'ici, éviter les polémiques dont ce sujet est lourd, et il convient d'engager nos débats dans cet esprit. Cela vaut en particulier pour la délicate question de l'abattage rituel, qui constitue une réalité à la fois sociologique et économique. Nous devons l'accompagner pour que les pratiques s'améliorent dans le sens de l'objectif que nous nous sommes fixé : le bien-être animal.

Ce qui me semble plus problématique, c'est le lien entre l'émotion suscitée par les images diffusées par une association désormais célèbre et le fait que nous légiférions aujourd'hui. Notre travail de parlementaire consiste, à mon sens, à prendre de la hauteur et de la distance par rapport aux émotions que nous pouvons ressentir à la vue de ces images, pour regarder la ligne d'horizon et fixer un cap à des acteurs pour qu'ils se mettent en marche et améliorent leurs pratiques.

Le secteur de l'abattage est un maillon essentiel de la production alimentaire française. Entre la blonde d'Aquitaine élevée dans les prairies de Dordogne et le bon restaurant parisien où sa viande est servie, la route passe nécessairement par l'abattoir, étape intermédiaire obligée. Les règles en vigueur relatives au respect du bien-être animal restreignent du reste les possibilités de transport sur le territoire, de sorte que les abattoirs constituent un maillage assez serré. Il y a donc un enjeu d'aménagement du territoire. Or nous savons que ce réseau est le maillon le plus fragile dans la chaîne de valeur du produit carné.

À Strasbourg, l'abattoir a récemment mis la clef sous la porte. À activité égale, le fonctionnement de la même installation en Allemagne, à quelques kilomètres de là, coûte 500 000 euros de moins par an, en termes de salaires. Les distorsions sociales au sein de l'Europe ont plongé nos abattoirs dans une crise. Le secteur français, en concurrence sur le marché européen, se trouve en effet soumis à des règles sociales et salariales qui le placent dans une situation d'extrême fragilité.

Nous examinerons la proposition de loi avec beaucoup d'intérêt, dans le souci de l'améliorer dans une démarche de progrès, pour que le secteur sorte de la crise structurelle où il se trouve. L'un des objectifs de ce texte est en effet de lier un dialogue constructif avec les acteurs de la société et l'opinion publique sur un sujet particulièrement délicat.

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