Intervention de François Rochebloine

Réunion du 7 décembre 2016 à 16h30
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine, président :

Nous avons le plaisir d'accueillir, sur la proposition de M. Jean-François Mancel, M. Jacques Soppelsa, professeur des universités, président honoraire de l'université de Paris I Panthéon Sorbonne, président de l'Académie internationale de géopolitique.

Monsieur le président, vous avez, au cours d'une riche carrière universitaire, accumulé les titres et les expériences qui rendront, j'en suis certain, un grand service à notre mission d'information.

Nous inaugurons, en effet, avec vous, une série d'auditions de spécialistes auxquels nous allons demander, si je puis dire, les moyens intellectuels grâce auxquels nous pourrions prendre du champ par rapport à l'objet immédiat de notre démarche qui consiste, je le rappelle, à étudier les relations politiques et économiques entre la France et l'Azerbaïdjan au regard des objectifs de développement de la paix et de la démocratie dans le Sud Caucase.

Il ne serait pas raisonnable, en effet, de mener cette étude sans prendre en considération les relations politiques, les héritages historiques et les conditionnements géographiques qui expliquent le déploiement actuel des stratégies des États, petits et grands, dans cette région.

L'approche par la géopolitique, à laquelle s'attache votre notoriété, nous sera donc très utile dans la perspective de nos travaux.

Bien entendu, vous avez toute liberté pour nous présenter votre appréciation de la situation géopolitique de l'Azerbaïdjan selon les lignes d'analyse qui vous paraissent les plus pertinentes. Je me permettrai seulement de vous interroger sur quatre relations significatives.

D'abord, comment voyez-vous l'évolution des relations entre l'Azerbaïdjan et la Russie depuis la fin de l'Union soviétique ? La question se pose évidemment du point de vue de l'Azerbaïdjan, État indépendant depuis août 1991 : jusqu'à quel point souhaite-t-il et peut-il s'émanciper de la tutelle historique de son voisin ? Mais elle se pose également du point de vue de la Russie : quelle place tient l'Azerbaïdjan dans la complexe stratégie d'équilibre que mène Moscou entre les trois États du Caucase du Sud, à savoir l'Azerbaïdjan, donc, la Géorgie et l'Arménie ?

Qu'en est-il ensuite des relations entre Bakou et Ankara ? Il apparaît – on l'a encore vu récemment avec la répression conduite par le gouvernement de M. Aliev contre de supposés partisans de Gülen établis en Azerbaïdjan – que l'Azerbaïdjan épouse assez facilement la cause du gouvernement turc. Cette proximité est encore plus évidente si l'on se tourne du côté des relations avec l'Arménie, chacun des deux États ayant ses propres raisons de geler indéfiniment ces relations. Pensez-vous, d'ailleurs, que cette situation de blocage soit appelée à durer et, si oui, pour quelles raisons ? Quelle est votre appréciation sur la réalité de l'affirmation laïque des autorités azerbaïdjanaises ? Elle semble désormais plus solide que ne l'est, en Turquie, la tradition d'Atatürk. Mais qu'en est-il dans les profondeurs de la société azerbaïdjanaise ?

La troisième interrogation porte sur les ressorts de la relation de l'Azerbaïdjan avec l'Iran. Il est de notoriété publique qu'une grande partie de la population iranienne ne se distingue pas, en matière culturelle et ethnique, de la population azérie, dont elle partage notamment l'appartenance au chiisme. Comment caractériseriez-vous ces relations et leur évolution possible ?

Un quatrième centre d'intérêt de la mission porte sur les relations avec la France et, au-delà, avec l'Union européenne. Quelles sont les motivations du désir de rapprochement avec l'Europe et avec notre pays, manifesté par le pouvoir azéri ? Jusqu'à quel point les relations avec les trois puissances déjà citées permettront-elles à la coopération bilatérale avec la France de se développer, que ce soit en matière économique, financière, politique ou simplement culturelle ?

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