Intervention de Jean-Marie Sermier

Séance en hémicycle du 11 janvier 2017 à 15h00
Débat sur les négociations internationales relatives au changement climatique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Sermier :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, dès la ratification de l’Accord de Paris sur le climat par le Parlement, au mois de mai dernier, le groupe Les Républicains avait souligné sa fragilité. L’effet d’affichage comme l’exercice d’autosatisfaction auquel s’était livré le Gouvernement, en pleine campagne des élections régionales, contraste singulièrement avec la réalité des faits.

Certes, 117 délégations ont approuvé l’objectif général d’essayer de contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés d’ici à 2100. Mais, concrètement, cet accord ne comporte que peu de volets contraignants, à l’exception de celui portant sur le calendrier des cycles de négociation.

Pour le reste, rien ne lie juridiquement les États signataires : je pense, par exemple, à la transparence des informations qu’ils devront transmettre, aux moyens opérationnels mis en oeuvre pour contenir le réchauffement climatique ainsi qu’aux financements mobilisés pour soutenir les pays en voie de développement. Dans tous ces domaines, des objectifs sont proposés, mais aucune action n’est imposée.

On dit qu’il n’y a pas d’amour, qu’il n’y a que des preuves d’amour. Dans le domaine de l’écologie, c’est pareil : seuls les actes comptent.

Vous l’avez rappelé, monsieur le secrétaire d’État, lors de ses voeux aux Français, le 31 décembre dernier, le Président de la République a déclaré : « La France ne laissera personne remettre en cause l’Accord de Paris sur le climat. » L’intention est bonne, mais le ton présomptueux : qu’on le veuille ou non, de lourdes menaces pèsent sur l’avenir de la COP21.

Je pense, bien sûr, à l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et, dans son prolongement, à la nomination d’un climato-sceptique, M. Scott Pruitt, à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Mais l’entrée en fonctions d’un nouveau président américain n’est pas le seul fait posant problème. En effet, jamais dans l’histoire contemporaine – en tous cas depuis l’accord de Kyoto en 1997 – les théories climato-sceptiques n’avaient reçu un tel écho dans l’opinion. C’est également vrai dans notre pays. Monsieur le secrétaire d’État, vous devriez par conséquent manier avec précaution les résultats des enquêtes d’opinion que vous avez citées tout à l’heure.

Face à cette situation, il est indispensable d’affirmer haut et fort que les actions visant à lutter contre le réchauffement climatique ne doivent pas se faire aux dépens de l’économie ou de la collectivité dans son ensemble. Comment faire pour que le plus grand nombre ne voie pas une punition dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais une aubaine pour innover et pour garantir le mieux-être ?

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