Intervention de Stéphane le Foll

Séance en hémicycle du 17 janvier 2017 à 9h30
Questions orales sans débat — Difficultés des exploitants agricoles

Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement :

Monsieur le député, vous avez rappelé la situation dans laquelle se trouve l’agriculture aujourd’hui. Elle subit des crises qui ne sont pas successives, mais cumulatives.

Le problème lié au prix du lait, d’abord, vient de loin : la surproduction laitière, à l’échelle mondiale aussi bien qu’européenne, n’est malheureusement pas uniquement liée à la conjoncture. Pour en sortir, il faudra donc du temps. Nous avons réussi à retirer à peu près 1,5 million de tonnes de poudre de lait sur l’année 2016 grâce aux mesures de maîtrise de la production que nous avons prises ; mais ces mesures ne peuvent enrayer la baisse des prix et compenser totalement ses conséquences pour les agriculteurs. J’en ai tout à fait conscience.

Comme vous l’avez indiqué, cela a aussi eu des conséquences sur le prix de la viande bovine. Les décisions prises à cet égard avaient aggravé notre inquiétude. Certes, les prix ne se redressent pas suffisamment, mais nous avons mis en place une prime de 150 euros liée à un plafond du poids des carcasses. D’autres nouvelles, de temps en temps, nous redonnent un peu d’espoir, par exemple l’ouverture du marché des États-Unis à la viande de boeuf française, pour la première fois depuis la crise de l’ESB – encéphalopathie spongiforme bovine, ou maladie de la vache folle –, même si nous n’en sommes pas encore à exporter.

Nous sommes en outre confrontés à des crises sanitaires, notamment à cause de la fièvre catarrhale ovine, ou FCO. Alors qu’un flux d’exportation s’était mis en place, notamment vers la Turquie, nous avons été rattrapés par cette maladie. Par ailleurs, l’influenza aviaire a touché la volaille française : l’an dernier, cette maladie était liée à des mutations du virus au sein de notre propre zone de production ; cette année, elle est liée à l’arrivée d’oiseaux migrateurs. Dans les deux cas, les conséquences représentent plusieurs centaines de millions d’euros. L’État s’est porté, et se portera, au secours des producteurs ; je participerai demain à une réunion avec l’ensemble des acteurs de filières, afin de nous mettre, encore une fois, en ordre de bataille.

Qu’avons-nous fait pour combattre cette crise ? Nous avons décidé d’un plan de soutien à l’élevage, dans le cadre duquel environ un milliard d’euros d’aides ont été alloués, à la fois sous forme d’allègement de charges – y compris d’allègements pérennes sur les cotisations sociales, comme je le disais tout à l’heure à M. Alain Marleix –, d’allègement de fiscalité, de report d’annuités, sans oublier la fameuse « année blanche » qui a mis du temps à partir, mais qui commence à être utile.

Dans un deuxième temps, malheureusement, la production a diminué en 2016 à cause des inondations et d’un printemps incroyablement désastreux, et ce alors que les prix étaient déjà bas ; en conséquence de quoi le produit brut à l’hectare a chuté de 30 % à 35 %. Cette situation cause de grandes difficultés aux agriculteurs ; nous devons donc leur apporter des aides afin qu’ils puissent relancer un cycle de production. Nous avons donc décidé de garantir 1,5 milliard d’euros de potentiel de prêts pour les agriculteurs.

Les avances de trésorerie versées au travers des aides européennes ont sûrement permis d’aider les agriculteurs pour la fin de l’année. Mais l’on sait que les exploitants agricoles vont à nouveau se retrouver fragilisés, et auront des besoins de trésorerie. Nous avons prévu, pour y répondre, un plan de conciliation avec la BPI – la banque publique d’investissement – et les banques ; nous sommes en train de le revoir, de le peaufiner, pour qu’il soit au rendez-vous.

Nous savons que c’est maintenant que le sort de beaucoup d’agriculteurs va se jouer ; c’est pourquoi nous mobiliserons des moyens non seulement pour apporter une aide conjoncturelle, mais aussi pour prendre des mesures de long terme, de maîtrise de la production, comme celles que j’évoquais au sujet du lait ou de la viande bovine.

Je le répète : je suis tout à fait conscient des très grandes difficultés auxquelles font face les agriculteurs, du climat de morosité dans lequel ils sont plongés, à cause de ces crises qui, loin de se succéder, se cumulent : crise sanitaire, crise de marché, crise climatique… Nous en sommes conscients, et nous sommes là pour les aider.

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