Intervention de Christine Vial-Collet

Réunion du 10 janvier 2017 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Christine Vial-Collet, présidente de l'Association des producteurs de cinéma et d'audiovisuel de Guadeloupe, APCIAG :

Une nouvelle répartition du budget attribué à France O a été évoquée ; se serait une très bonne chose qu'il aille au réseau des 1res, qui aujourd'hui n'a pas d'argent. Ce qui signifie qu'il ne peut pas nous accompagner dans notre production, et ses programmes sont constitués de telenovelas parce qu'ils ne sont pas chers.

Ces telenovelas représentent un grand danger, car elles déstructurent totalement la société dans tous les territoires. En Guadeloupe, les assistantes sociales vous diront que les mères ne vont plus chercher leurs enfants à l'école, et que, lorsque les enfants rentrent à la maison, il leur est intimé d'aller jouer dehors, car leurs mères sont accaparées par les telenovelas. Ces séries sont addictives, et elles abrutissent.

La télévision publique a une responsabilité dans l'éducation de la population, certes, les telenovelas coûtent moins cher que la production de programmes locaux, mais, à mon sens, à terme, la délinquance coûtera bien plus.

Lorsque je dis que les chaînes du réseau 1re n'ont pas du tout d'argent, c'est qu'il nous faut pleurer pour 3 500 euros d'achat de droits pour des documentaires qui nous ont coûté 160 000 euros. Certes, nous parvenons encore à vendre quelques productions à France O, mais si l'argent qui lui est consacré doit être redistribué, ce doit être en faveur du réseau des 1res.

Or celles-ci rétorqueront qu'afin d'avoir de l'audience, elles doivent diffuser des telenovelas. À Tahiti, où je me suis rendue, j'ai rencontré la directrice de Tahiti Nui Télévision (TNTV), qui est une chaîne locale indépendante fortement subventionnée par le gouvernement polynésien, et qui produit beaucoup de programmes locaux, se plaçant ainsi devant Polynésie 1re.

Aussi, que l'on ne me dise pas que les programmes locaux n'intéressent pas populations ! Je suis persuadée qu'en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et à la Réunion, si des programmes qui leur ressemblent sont proposés aux locaux, ils seront regardés. Et cela donnera des repères fondamentaux à notre jeunesse, alors que nos sociétés ultramarines tombent en déliquescence, et que nos jeunes sombrent dans la violence.

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