Intervention de Laurence Rossignol

Séance en hémicycle du 26 janvier 2017 à 9h30
Extension du délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse — Présentation

Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes :

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, rapporteure de la proposition de loi, mesdames et messieurs les députés, nous nous retrouvons aujourd’hui pour une nouvelle lecture de la proposition de loi relative à l’extension du délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse.

Le mois dernier, à cette même tribune, j’avais affirmé que le droit à l’avortement n’était pas l’objet du débat que nous allions avoir sur ce texte. J’étais en effet convaincue que, comme le dit Simone Veil, « l’avortement ne représente plus un enjeu politique en France ». À l’issue des débats en première lecture, je ne sais pas si le redirais, compte tenu des débats qui ont eu lieu, que ce soit dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, dans certaines colonnes de la presse ou dans la société française.

Bien sûr, dans leur immense majorité, les Françaises et les Français sont favorables à la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de la grossesse qui a dépénalisé l’avortement.

Bien sûr, malgré cette adhésion, les adversaires du contrôle des naissances n’ont jamais vraiment désarmé, les plus virulents d’entre eux continuant d’opposer de multiples résistances à la reconnaissance pleine et entière du droit des femmes à disposer de leur corps.

Bien sûr, ce droit fondamental à choisir le moment de sa maternité par la contraception ou le recours à l’avortement a toujours été menacé dans son effectivité. Les lobbies anti-IVG n’ont d’ailleurs jamais manqué d’imagination pour empêcher les femmes d’exercer leur droit à l’IVG: actions commando dans les centres d’orthogénie, prières de rue, propagande faite d’intimidations et de culpabilisation des femmes, rien de tout cela n’est nouveau.

Mais il est vrai que nous assistons aujourd’hui à une évolution préoccupante : il faut bien reconnaître que la voix de celles et ceux qui contestent le principe même du droit à interrompre une grossesse non désirée se fait de plus en plus forte.

La campagne présidentielle offre à l’évidence une formidable caisse de résonance à leurs discours rétrogrades. Les militants anti-choix ont certainement dû se sentir pousser des ailes en entendant le candidat Les Républicains à l’élection présidentielle déclarer que, à titre personnel et en raison de ses convictions religieuses, il ne pouvait être favorable à l’avortement.

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