Intervention de Sébastien Pietrasanta

Séance en hémicycle du 7 février 2017 à 15h00
Sécurité publique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Pietrasanta, et Pascal Popelin :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, permettez-moi de vous dire toute mon émotion et ma fierté de monter une dernière fois à la tribune de l’Assemblée nationale.

Durant ces cinq années, j’ai défendu comme député, et comme rapporteur, de nombreux textes renforçant la sécurité de nos concitoyens. Ce quinquennat a été marqué par les nombreuses attaques terroristes qui ont particulièrement touché notre pays, la France, encore récemment à proximité du Louvre. Je souhaite adresser tous mes voeux de rétablissement au militaire de l’opération Sentinelle blessé vendredi dernier.

J’ai d’abord une pensée, ce soir, pour toutes les victimes, leurs familles et leurs proches. Ma seconde pensée va évidemment en direction des policiers, des gendarmes, des douaniers, des services de renseignement, des secours, de toutes celles et tous ceux qui oeuvrent au quotidien pour protéger notre patrie. Ils savent qu’ils ont la reconnaissance de toute la représentation nationale. Ils font un travail indispensable pour la cohésion de notre pays.

Je sais que nos services de renseignement sont meurtris, lorsqu’un attentat n’a pu être déjoué. Je sais que nos policiers et nos gendarmes sont également meurtris, quand la violence anti-flic se développe et se manifeste sur notre territoire. Ce travail si difficile, si stressant et si indispensable, nous le mesurons pleinement. À l’Assemblée nationale, nous avons accompagné l’effort sans précédent du Gouvernement, en légiférant pour renforcer l’action de nos forces de l’ordre.

Mais nous avons aussi l’exigence d’avoir une police et une gendarmerie exemplaires. Si difficile que soit leur tâche, rien ne justifie que celles et ceux qui doivent faire respecter l’ordre à nos concitoyens ne respectent pas eux-mêmes la loi et la déontologie. C’est particulièrement vrai dans nos banlieues.

Mes chers collègues, depuis cinq ans, la gauche a légiféré, renforcé les effectifs de la police, de la gendarmerie et de nos services de renseignement. Nous avons réorganisé nos services. Nous avons réarmé les forces de l’ordre. Nous avons débloqué des moyens supplémentaires en protection et en véhicules. Jamais nous n’avions fait autant pour nos forces de sécurité intérieure. Parce qu’il fallait réparer ce qui avait été cassé par le passé, avec la diminution des effectifs, avec l’affaiblissement de nos services de renseignement, que l’on avait désorganisés, mais aussi, parce que la période que nous avons connue a été, reconnaissons-le, sans précédent.

Qui, aujourd’hui, peut faire le procès en laxisme de la gauche, en général, et du gouvernement, en particulier ? Personne, sauf peut-être les démagogues, les « sans-vergogne », les petits politiciens n’ayant aucun sens de l’État. Car le sens de l’État, nous, nous l’avons eu. Lorsque nous avons légiféré, nous l’avons fait avec sérieux, détermination et respect.

Sérieux, en refusant de tomber dans la facilité qui consiste à flatter constamment une opinion publique qui en demande toujours plus. Nous avons voulu légiférer en étant utiles et concrets. Détermination, parce qu’il a fallu s’adapter à la nouvelle menace et aux modes opératoires qui s’adaptent de plus en plus vite. Notre main n’a jamais tremblé, lorsqu’il a fallu combattre les terroristes et le crime organisé. Respect, aussi, car notre Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme ne sont ni des gros mots, ni des arguties juridiques. Nous les avons respectés, et nous avons toujours refusé de franchir la ligne jaune.

J’ai été fier d’appartenir à une majorité qui a permis d’éviter que notre pays ne bascule dans l’arbitraire. Il n’y a qu’à voir certains amendements ou propositions de loi déposés depuis cinq ans pour comprendre tout l’enjeu de l’élection présidentielle à venir !

Mes chers collègues, le texte sur la sécurité publique présenté par le ministre de l’intérieur, que je salue dans ses nouvelles fonctions, s’inscrit dans ce triptyque : sérieux, détermination et respect. Il permet de mieux protéger nos policiers et poursuit l’adaptation nécessaire de notre arsenal judiciaire. Ce texte devra encore être amélioré : c’est le sens de plusieurs amendements que je défendrai. Je suis convaincu, par exemple, que face à cette menace terroriste, nous devons accompagner la montée en puissance des sociétés privées, en leur donnant davantage de prérogatives, tout en renforçant leur formation et leur contrôle.

Certains trouvent que ce texte renie nos libertés fondamentales – ils se sont exprimés. J’ai entendu ce genre de critique à chaque fois que nous avons eu à légiférer en matière de sécurité et de terrorisme. Je me souviens que, en 2014, lors de l’examen de la loi sur le terrorisme, j’avais été accusé de vouloir bloquer internet en France, en légiférant sur le blocage administratif des sites faisant l’apologie du djihad. Il n’en fut évidemment rien. Il en va de même de ce texte : il ne renie aucune liberté fondamentale. Certains trouveront au contraire que ce texte ne va pas assez loin, ou qu’il intervient trop tard. Ceux qui jugent qu’il arrive trop tard sont les mêmes, qui ont soutenu la motion de renvoi en commission, qui aurait pu nous faire perdre un temps précieux. En réalité, ce texte est équilibré, et cet équilibre devra être préservé en séance.

Mes chers collègues, je le répète une dernière fois, du haut de cette tribune de l’Assemblée nationale : nous devons tous être à la hauteur de l’enjeu. Victor Hugo disait, en 1870 : « Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles. Serrons-nous tous autour de la république en face de l’invasion, et soyons frères. Nous vaincrons. C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté. » Ce seront aussi mes derniers mots.

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