Intervention de Maina Sage

Séance en hémicycle du 9 février 2017 à 9h30
Égalité réelle outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaina Sage :

Après une première tentative en 2010, ayons aujourd’hui le courage d’intégrer une telle mesure dans notre droit. Ce sera un geste historique, un pas de géant qui permettra enfin d’apaiser un petit peu nos familles. En effet, la Polynésie est encore meurtrie. Le dispositif actuel d’indemnisation des victimes est inefficace : c’est pourquoi nous avons demandé à aller plus loin.

Permettez-moi de saluer sincèrement l’action du Président de la République, qui s’est rendu dans notre collectivité l’année dernière et dont les déclarations importantes ont touché les Polynésiens. Il a tout de suite demandé au Gouvernement d’engager un travail, que vous avez poursuivi, madame la ministre, en lien avec la ministre de la santé. Je vous en remercie. Toutefois, passer de 1 % à 0,3 % pour ce qui est du risque négligeable n’est pas suffisant. D’autant qu’il n’y a pas d’étude d’impact pour cette mesure : nous n’en connaissons pas l’efficacité !

Depuis 2010, les associations, l’ensemble des partis politiques de Polynésie française et la société civile demandent la suppression de ce critère du risque négligeable, un critère scélérat introduit ici, dans notre assemblée, par voie d’amendement et qui n’a jamais fait l’objet d’une concertation en Polynésie française. Jamais.

Nous subissons aujourd’hui ce frein, ce verrou contre l’indemnisation claire, concrète, pleine et entière de ces victimes. Alors oui, la France a réalisé ces essais pour raison d’État. Nous en avons été victimes. C’est notre histoire, c’est notre passif commun. Mais maintenant, il faut avancer. Il n’y aura pas d’apaisement sans justice.

Je terminerai en saluant la mémoire du père de la lutte antinucléaire M. Pouvanaa Oopa. Il était député, chers collègues – parmi les premiers députés de Polynésie. Il a lutté contre l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique pour les essais nucléaires, à tel point qu’on l’a exilé. Il a été mis en prison ici, en France, dans l’hexagone, le temps de la préparation des essais. Puis, il a été amnistié. Tout de suite, les Polynésiens l’ont réélu sénateur. Toute sa vie, il n’a eu de cesse de demander sa réhabilitation. Je remercie une nouvelle fois le Gouvernement qui a rouvert ce dossier. Aujourd’hui, nous attendons qu’il puisse être réhabilité. Le traumatisme est profond, il touche de nombreux sujets.

Je conclurai en le citant – cette phrase, je la garde en mémoire parce qu’elle m’aide aussi à passer cette épreuve. À la fin de sa vie donc, en dépit de tout ce qu’il avait subi, il a dit : la France est une grande nation, je sais qu’un jour elle me rendra justice.

Faisons en sorte que ce jour soit arrivé pour les centaines de victimes qui attendent des actes clairs de réparation, en votant conforme le texte issu de la CMP.

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