Intervention de Philippe Cochet

Réunion du 15 février 2017 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Cochet, président de la mission d'information :

Vous évoquiez, monsieur le Président, la dimension religieuse. Elle est importante en Côte d'Ivoire, mais sans doute pas source de divisions comme elle peut l'être ailleurs. De nombreuses familles ivoiriennes comportent des personnes de différentes religions, qui vivent en harmonie sous le même toit. Ainsi, cette question semble n'être pas vraiment problématique. Plusieurs interlocuteurs, y compris des responsables religieux, nous l'ont confirmé.

Vous avez aussi mentionné l'aide au développement. Il est important de souligner que l'AFD a en Côte d'Ivoire son plus gros portefeuille de projets, grâce au mécanisme du C2D qui permet de déployer des montants considérables sous forme de dons. Sur le terrain, on observe d'ailleurs que, lorsque la France y met les moyens, elle obtient des résultats qui se mesurent en termes d'influence, mais aussi de retours économiques. Ce constat doit nous inciter à éviter de trop « saupoudrer » notre aide au développement.

Monsieur Loncle, vous nous avez interpelés au sujet du procès de Laurent Gbagbo. Nous ne pouvons pas faire de politique-fiction. C'est vrai que ce procès est long, trop long. Ce que nous constatons, c'est que la réconciliation prend du temps. C'est normal, c'est un processus. La crise a été très dure et a beaucoup marqué les esprits. Aujourd'hui, la situation est contrastée : on a progressé, mais la réconciliation n'est pas achevée.

Michel Terrot s'inquiétait de l'« évaporation » de l'argent public ivoirien et de l'absence de redistribution des fruits de la croissance. Il s'agit d'une perception bien réelle au sein de la population ivoirienne. Le Président Ouattara a mis l'accent sur le développement des infrastructures, ce qui rend la croissance très visible, d'autant plus qu'elle est médiatisée, mais les Ivoiriens expliquent qu'ils « ne mangent pas de béton ». Ils ont l'impression que les élites confisquent la croissance. De fait, de nombreux interlocuteurs nous ont rapporté leur sentiment que la corruption était très forte en Côte d'Ivoire, et qu'elle était véritablement endémique. Les autorités ont néanmoins affiché leur volonté de la réduire. C'est important, car si la corruption dépasse un certain niveau, elle risque de dissuader les investisseurs, notamment français, et de freiner le développement économique du pays.

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