Intervention de Joaquim Pueyo

Réunion du 14 février 2017 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoaquim Pueyo, co-rapporteur :

Avec les défaites successives de l'armée malienne face aux groupes terroristes et l'insécurité persistante dans le pays, le constat a été unanimement fait de la nécessité de reconstruire entièrement l'armée et les trois forces de sécurité intérieure que sont la Police, la Gendarmerie et la Garde nationales. Ces institutions souffrent en effet de faiblesses structurelles aggravées par de mauvaises pratiques :

– une mauvaise gestion des ressources humaines : les forces maliennes sont sous-dimensionnées et largement incapables d'accomplir leur mission car ses membres sont mal formés et mal payés, nourrissant une corruption endémique et la collusion avec les trafiquants de drogue dans le Nord ;

– une chaîne de commandement défaillante car les soldats n'ont pas confiance dans leurs cadres, souvent promus par la corruption et le népotisme ;

– enfin, un sous-équipement chronique, qui concerne à la fois l'équipement individuel mais également les équipements collectifs comme les champs de tir ou les casernes, souvent délabrées.

L'ensemble de ces éléments qui, en tant de paix, suscite déjà le mécontentement et la frustration du haut en bas de la hiérarchie a des effets désastreux en temps de guerre. Les déroutes face aux djihadistes et l'incapacité à maintenir l'ordre dans le pays le prouvent de manière incontestable.

C'est à ces faiblesses structurelles et à ces mauvaises pratiques que les deux missions de l'Union européenne ont pour objectif de remédier.

EUTM Mali est une mission militaire qui a été lancée en mars 2013 avec pour objectif – je cite – « de rétablir les capacités militaires des forces armées maliennes et de leur permettre de mener des opérations militaires visant à rétablir l'intégrité territoriale du Mali et à réduire la menace constituée par les groupes terroristes ». Concrètement, EUTM Mali consiste en :

– un appui à la formation des forces armées maliennes ;

– des formations et conseils en ce qui concerne le commandement et le contrôle, la chaîne logistique et les ressources humaines, ainsi que des formations en matière de droits de l'homme ;

C'est ainsi que, pendant les deux premiers mandats, 500 formateurs ont formé des Groupements tactiques interarmes (GTIA) composés de 700 à 800 soldats. Ce choix de former des bataillons et non des individus est une demande des Maliens qui avaient besoin, de manière urgente, de troupes opérationnelles pour lutter contre les djihadistes au Nord.

À la suite d'un réexamen stratégique en 2016, le troisième mandat d'EUTM Mali a complété cet objectif par deux nouveaux objectifs :

– une contribution au processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des Touaregs ;

– un soutien au G5 Sahel, déjà évoqué par Yves Fromion.

Le coût d'EUTM Mali s'élève à 73,4 millions d'euros de 2013 à 2018. Cette somme ne représente toutefois que les seuls coûts communs et non du coût global de la mission, celui-ci étant supporté par les États contributeurs sur leur budget national.

EUCAP Sahel Mali est, quant à elle, une mission civile lancée en 2015 et composée d'une centaine d'Européens qui assistent et conseillent les Forces de sécurité intérieure (Gendarmerie, Police et Garde nationale) afin d'améliorer leur efficacité opérationnelle, de rétablir leurs chaînes hiérarchiques respectives et de renforcer le rôle des autorités administratives et judiciaires en matière de direction et de contrôle de leurs missions.

En pratique, EUCAP Sahel Mali organise des stages de quatre semaines comportant des modules sur le management, les droits de l'homme, le commandement du service, la gestion RH… Ces modules sont complétés par des formations spécialisées dans des domaines techniques : police scientifique, maintien de l'ordre, police de l'air et des frontières, renseignement…

Le deuxième mandat d'EUCAP, adopté le 11 janvier 2017, lui donne un nouvel objectif : contribuer à l'amélioration de l'interopérabilité et de la coordination entre les forces de sécurité intérieure des pays du G5 Sahel et les FSI ». Le coût d'EUCAP, mission civile, à l'inverse d'EUTM, est pris en charge par le budget européen.

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