Intervention de Noël Mamère

Réunion du 6 novembre 2013 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère, co-rapporteur :

Ce rapport n'a pas pour objectif de montrer la faiblesse de nos relations avec l'Afrique ou nos inquiétudes concernant son développement. Au contraire, nous souhaitons que l'on renforce les liens et que l'on accompagne le « décollage ».

L'intégration régionale est essentielle. La France est sans doute le seul pays qui peut jouer un rôle de passerelle entre l'Afrique francophone et l'Afrique anglophone. Du fait du développement des classes moyennes et de l'élévation du niveau de vie, l'Afrique francophone devient un marché en matière de biens, mais aussi d'exploitation d'un certain nombre de ressources. Ce n'est pas un hasard si le Nigeria a consacré le français : c'est un pays frontalier de l'Afrique francophone, comme le Ghana, qui est en pleine expansion et compte des gisements pétroliers « offshore » très importants. Par ailleurs, bien souvent, les échanges n'ont pas lieu en anglais, mais dans les langues des ethnies qui se trouvent de part et d'autre des frontières.

Il faut faire très attention avec les projections démographiques. Contrairement à ce que certains prétendent, ce n'est pas une « grève du troisième ventre » qui s'impose. Ce serait ridiculement malthusien. Il faut plutôt miser sur l'éducation. Partout où le niveau d'éducation a progressé, les femmes font moins d'enfants. L'éducation n'est pas seulement une affaire de béni-oui-oui ou de droits-de-l'hommistes !

Si le niveau d'éducation est plus élevé au Zimbabwe qu'en Afrique du Sud, malgré la dictature exercée par Mugabe, c'est parce que l'Afrique du Sud est victime de la « Bantu Education ». On a sous-éduqué les Noirs, auxquels on n'enseignait qu'un certain de nombre de disciplines, les seules jugées utiles pour qu'ils puissent occuper la place qui leur était assignée dans une société d'apartheid. Et cet héritage perdure. C'est un handicap considérable pour le pays. Même si de nombreuses élites africaines rêvent de ce pays, son taux de croissance est inférieur à ceux du Kenya, du Mozambique, de l'Angola et même de l'Ethiopie. Il risque de perdre son leadership.

S'agissant de Mme Zuma, il faut dire aussi que son élection a été difficile et que si beaucoup de pays africains regardent avec envie l'Afrique du Sud, la relation est faite d'attraction et de répulsion. On supporte mal son hégémonie politique, notamment ses pressions pour obtenir un siège au Conseil de sécurité. Et je ne reviens pas sur la présence de troupes sud-africaines en Centrafrique, qui a d'ailleurs suscité des problèmes importants de politique intérieure.

Le pétrole est à la fois la richesse et le cauchemar du Nigeria. Il y a des atteintes insupportables aux droits de l'homme et des inégalités considérables dans la partie du pays où le pétrole est extrêmement important. Le Nord a nourri des groupes séparatistes et terroristes.

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