Intervention de René Bailly

Réunion du 26 mai 2016 à 9h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

René Bailly, directeur du renseignement à la préfecture de police de Paris :

On a beaucoup parlé ces derniers tempsde l'inclusion du renseignement pénitentiaire dans la communauté du renseignement. J'y suis très favorable car il s'agit d'agents très engagés dans leur mission et déterminés. Il serait bon qu'ils soient vraiment associés au second cercle du monde du renseignement, auquel nous sommes nous-mêmes en partie cantonnés.

Le dispositif de sécurité intérieure de la DRPP mériterait pleinement, au même titre que la petite structure TRACFIN, d'être dans le premier cercle. Mais je comprends très bien que le caractère hybride de notre mission puisse inquiéter les grands services de renseignement, qui souhaitent que le secret défense soit complètement garanti. Je rappellerai simplement, et sans nostalgie, que la DCRG entretenait des relations internationales et faisait de la lutte antiterroriste. Or la confidentialité de sa mission dans un domaine bien précis ne posait pas de problème au reste du monde du renseignement. La DRPP fait du renseignement territorial et de la sécurité intérieure : au titre de cette dernière, elle pourrait très légitimement participer au premier cercle.

Pour en revenir à votre question, je pense très sincèrement que ce serait un atout de rendre plus officielle la participation du renseignement pénitentiaire au dispositif du second cercle. C'est d'ailleurs à ce titre que l'Académie du renseignement nous a fait la faveur, en 2015, d'organiser la première réunion de travail, déconcentrée au second cercle, sur le phénomène de la radicalisation. Je l'ai organisée à la DRPP, avec trente fonctionnaires – dix de la DRPP, dix du service central du renseignement territorial (SCRT) et dix de l'administration pénitentiaire. Cette session de trois jours sur la radicalisation a été très importante et très intéressante, au point que l'on m'en parle encore comme d'un exercice à renouveler. L'administration pénitentiaire peut donc sans doute nous fournir plus d'éléments, à condition qu'elle en ait elle-même les moyens. En outre, elle ne peut pas faire n'importe quoi. Elle peut faire du renseignement pénitentiaire, mais peut-elle avoir accès aux techniques du renseignement ? Si elle se lance dans cette aventure, il faudra renforcer de manière significative ses effectifs. J'ai en tout cas constaté dans cette administration une vraie détermination et les échanges entre nous sont très fréquents. Je ne sais pas pour quelle raison elle ne nous a pas parlé d'Amedy Coulibaly. Elle nous a parlé d'autres individus sur lesquels nous avons travaillé.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion