Intervention de Yves Fromion

Réunion du 22 février 2017 à 16h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Nous avons été nombreux, au sein de cette commission, à nous rendre au Mali, où nous avons entendu les avis les plus divers. L'impression générale est toutefois celle d'un certain enlisement de la situation. Sur le plan politique d'abord, dans la mesure où les accords d'Alger ont bien du mal, le mot est faible, à être mis en pratique – on n'en voit guère la traduction sur le terrain –, on reste toujours dans l'enlisement : sans solution politique, il n'y aura pas de solution, quels que soient les efforts militaires. Ensuite, c'est toujours la France qui se retrouve à fournir le principal de l'effort. De ce point de vue, nous sommes bien loin des illusions que l'on pouvait avoir au début des opérations, croyant qu'il n'y en aurait pas pour longtemps : nous avons désormais le sentiment d'être embarqués dans une affaire partie pour une durée que plus personne ne peut déterminer.

La dégradation de la situation intérieure au Mali que vous avez évoquée, caractérisée par une recrudescence de l'insurrection et des actes de terrorisme au centre du pays, risque d'accélérer le pourrissement général, ce qui nous fait courir le risque de nous trouver pris au piège par une situation qui nous dépasse. Monsieur le ministre, comment voyez-vous les choses évoluer, et pensez-vous que nous allons rester isolés comme nous le sommes actuellement ? Certes, quelques efforts sont faits sur le plan européen – je pense à l'EUTM et à la mission EUCAP –, mais nous sommes toujours les seuls à aller au feu et à payer le prix du sang. Entrevoyez-vous une solution ou une initiative qui serait de nature à améliorer la situation, afin que nous ne restions pas bloqués éternellement au Mali ?

Ma deuxième question porte sur l'impasse budgétaire du ministère de la Défense. Si vous avez fait des efforts, que personne ne conteste, pour redresser la trajectoire du budget de la défense – ne serait-ce que pour répondre aux engagements du président de la République –, sur le fond, on ne constate pas de véritable amélioration. J'en veux pour preuve que les chefs d'état-major se sont succédé devant cette commission nous faire part de la gravité de la situation. Je préférerais éviter de vous être désagréable au moment où vous vous apprêtez à quitter vos fonctions, mais comment ne pas entendre les appels des chefs de nos armées, qui viennent ici même sonner le tocsin ? Il serait malvenu de notre part de vous priver des éloges que vous méritez pour l'action que vous avez menée dans certains domaines – les exportations d'armements sont une réussite à mettre à votre actif, et vous avez fait preuve durant toute la période où vous avez exercé vos fonctions d'une remarquable maîtrise, ce qui n'a pas été le cas de certains de vos prédécesseurs –, mais force est de reconnaître que vous allez partir en laissant nos forces armées dans une position très difficile sur le plan budgétaire, et que le redressement de la situation sera une opération extrêmement compliquée.

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