Intervention de Jean-Frédéric Poisson

Séance en hémicycle du 12 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Frédéric Poisson :

Ce n'est pas dit comme cela, cher collègue.

Enfin, je ne vois pas non plus de précisions sur le rôle de l'enseignement libre dans l'enseignement de la République. Je ne sais quelle conclusion en tirer, monsieur le ministre, mais je suppose que vous nous éclairerez sur ce point.

Ce projet de loi pouvait être l'occasion de réinterroger quelques éléments de notre système d'éducation qui connaissent une grave crise, même si, par ailleurs, celui-ci nous procure quelques motifs de satisfaction légitime.

Premièrement, dans le rapport d'orientation, le collègue unique est quasi sacralisé. Il est présenté comme une pierre absolument essentielle et fondamentale de notre système éducatif ; je cite à peu près, de mémoire, l'un des alinéas du rapport d'orientation. Or on sait bien que le collège unique pose de nombreux problèmes. Je songe notamment à cette idée selon laquelle l'hétérogénéité des classes est le principe qui assure le succès de l'ensemble, qui ne me paraît pas de bon sens.

Deuxièmement, la réaffirmation de l'objectif de 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat et de 50 % d'une classe d'âge avec un diplôme d'enseignement supérieur me paraît illusoire. Cela risque au contraire de déprécier la valeur des diplômes qui seront décernés. Il est clair – mon collègue Juanico, que je salue, saura de quoi je parle – que, si le diplôme demeure visiblement, pour les jeunes, un facteur d'insertion tout à fait essentiel, quasi obligatoire, il est tout à fait certain, par ailleurs, que le baccalauréat et les diplômes d'enseignement supérieur ne peuvent pas être la référence ultime de notre système éducatif.

Troisièmement, la dilution de l'enseignement des matières fondamentales dans les options et les activités d'éveil n'est l'objet d'aucune interrogation, d'aucun développement. Je regrette que cette question des options, qui deviennent en outre une machine à contourner la carte scolaire absolument redoutable, ne soit pas directement traitée. Peut-être le débat nous permettra-t-il d'y revenir.

Enfin, monsieur le ministre, j'en viens à ce qui suscite, chez moi, le plus d'interrogations, à ce qui manifeste le plus nettement la dimension politique de votre projet : la question de la morale laïque. Je comprends bien, ou je crois voir un peu, ce que peuvent être des morales d'inspiration naturelle ; la question de la raison naturelle, celle de la raison et de la foi se posent à l'humanité depuis longtemps. Je comprendrais aussi que vous vouliez réintroduire l'apprentissage des droits et des devoirs de chacun dans l'enseignement, cela me paraîtrait même de bon sens.

Mais, je le demande avec le sourire, et j'espère une réponse souriante mais sérieuse de votre part, monsieur le ministre, comment allez-vous traiter, dans l'enseignement primaire, l'interdiction de voler ? Et vous interdirez-vous d'enseigner aux élèves de l'école primaire qu'il est interdit de mentir au motif que, comme l'interdiction du vol, celle du mensonge figure dans le livre de l'Exode et le Décalogue révélé sur le mont Sinaï à Moïse ? La morale laïque que vous préconisez ira-t-elle jusqu'à couper de leurs racines ces enseignements fondamentaux dont l'une des premières traces figure dans les livres dits saints ?

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