Intervention de Lucette Lousteau

Séance en hémicycle du 12 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLucette Lousteau :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la ministre déléguée, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, je cède à la tentation de dire : enfin ! Enfin, un projet de loi qui porte l'ambition de transformer notre école en profondeur, de la replacer au coeur de nos institutions républicaines pour un nouveau contrat social.

L'école de la République, lieu de la construction intellectuelle, a cessé d'être un facteur de réduction des inégalités. Nul ne peut contester qu'elle soit devenue, au fil du temps, une machine à les reproduire. Les inégalités scolaires recoupent souvent les inégalités sociales, elles-mêmes souvent liées aux inégalités territoriales. Aucune des mesures prises ces dernières années n'a permis d'inverser cette tendance, bien au contraire.

Pour en finir avec cette situation génératrice d'échecs, il était urgent de replacer l'éducation au premier rang de nos préoccupations. Ce faisant, nous reconnaissons toute la place que nous voulons donner à notre jeunesse, à son avenir, au redressement de notre pays, à son rayonnement dans un monde ouvert.

Monsieur le ministre vous avez déclaré que vous seriez toujours et d'abord le ministre des élèves. C'est bien le sens de cette affirmation que l'on retrouve dans le texte que vous nous proposez. L'actuelle répartition hebdomadaire du temps scolaire, décidée soudainement et sans tenir aucun compte du respect des rythmes biologiques de l'enfant a handicapé lourdement les apprentissages élémentaires. Avec la réforme des rythmes scolaires, les enfants apprendront plus et mieux. Les activités qui leur seront proposées dans le cadre des projets éducatifs de territoire contribueront à leur formation, à l'éveil de leurs aptitudes, à la formation de leur esprit critique. Elles seront aussi une manière de lutter contre les inégalités sociales et territoriales qui rendent, aujourd'hui, inaccessibles à bon nombre d'enfants des activités qui devraient concourir à leur épanouissement.

La refondation de l'école de la République s'appuie sur la priorité accordée à l'école primaire. C'est là que les inégalités apparaissent, s'installent, se creusent. C'est dès ce moment des apprentissages qu'il faut agir et lutter contre ces inégalités. Tel est l'objet de ce texte. Dans le même esprit, il faut renforcer l'accueil précoce des enfants à l'école maternelle.

Ce modèle que l'on nous a si souvent envié, préservons-le, renforçons-le ! L'école maternelle permet aux enfants d'acquérir les mécanismes cognitifs qui facilitent, ensuite, leurs capacités d'apprentissage à l'école primaire. Les premiers moments de la formation intellectuelle et sociale des enfants ne doivent pas être autant de jalons qui mènent au décrochage scolaire, mais, bien au contraire, leurs premiers pas dans une trajectoire de formation et de réussite.

Si la refondation de l'école redonne aux enfants une place centrale, elle permet également d'affirmer l'exigence de faire entrer l'école dans l'ère du numérique en proposant des services et des outils innovants aux élèves et à l'ensemble de la communauté éducative.

Par ailleurs, le bon apprentissage des élèves passe nécessairement par la formation des maîtres. Ces dernières années, on a parfois oublié cette évidence : l'enseignement est un métier, un métier qui s'apprend. Assurer la formation des enseignants et, parallèlement, augmenter leur nombre, c'est manifester de la considération pour ce métier et reconnaître aux enfants le droit à une instruction de qualité. C'est également se donner les moyens d'une grande ambition. Car, j'en suis convaincue, il n'existe pas de meilleur investissement que celui destiné à l'instruction et à l'éducation. Pour certains enfants, c'est à l'école que tout se joue. L'école, je veux le croire, est et doit rester un lieu de savoir et de transmission des valeurs républicaines offrant à tous les élèves, quelles que soient les difficultés qu'ils rencontrent, les mêmes chances de réussite. C'est l'école juste et inclusive que permettra ce texte de loi.

C'est pourquoi la nation tout entière doit s'emparer de l'esprit de ce projet avec l'ambition collective de transformer un échec de masse en réussite pour tous.

Avant de conclure, je citerai un passage du Premier Homme d'Albert Camus : « Seule l'école donnait à Jacques et à Pierre ces joies. Et sans doute ce qu'ils aimaient si passionnément en elle, c'est ce qu'ils ne trouvaient pas chez eux, où la pauvreté et l'ignorance rendaient la vie plus dure, plus morne, comme refermée sur elle-même ; la misère est une forteresse sans pont-levis. »

En ces temps qui majorent les difficultés dans les familles, ce défi est devant nous : donner à tous les enfants, par le savoir et la joie de la découverte, la confiance en leur devenir. Grâce à votre projet de loi, monsieur le ministre, nous aurons les moyens de reconstruire l'école de la République autour de ce grand dessein. Pour cela, nous devons vous remercier, vous féliciter et vous assurer de notre soutien dans le débat qui s'ouvre. Nous voterons votre projet de loi pour la refondation de l'école de la République avec fierté et enthousiasme ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, GDR et écologiste.)

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