Intervention de George Pau-Langevin

Séance en hémicycle du 12 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la réussite éducative :

La situation particulièrement dramatique de certains établissements a été évoquée, notamment à travers ce très beau film, Entre les murs, dont l'action se déroule dans un collège que je connais bien, puisqu'il se trouve dans le XXe arrondissement de Paris. Or, bien que sa situation terrible et les difficultés auxquelles se heurtaient les enseignants aient été bien connues de tous, cet établissement a continué de subir des pertes de moyens considérables : CPE absents, professeurs de mathématiques absents…

Même si nous sommes d'accord sur le constat, il faut au minimum donner des moyens corrects aux établissements en grande difficulté. Certes, les moyens ne sont pas tout, et nous aurons à réfléchir – Mathieu Hanotin l'a bien dit – à la refonte de l'éducation prioritaire : c'est un dossier de longue haleine qui fait l'objet d'une action interministérielle. Mais évoquer les moyens comme vous le faites, mesdames, messieurs de l'opposition, ne me paraît pas raisonnable.

J'ai relevé, dans les interventions des uns et des autres, quelques points qui relèvent de la mission que je conduis. Je pense aux inégalités scolaires, aux déterminismes sociaux, à la nécessité – soulignée par Mmes Langlade et Attard – d'associer les familles et d'affirmer le rôle des parents dans l'éducation, à la scolarisation des enfants handicapés ainsi qu'aux préjugés.

La réussite éducative telle que nous voulons la mettre en oeuvre repose non seulement sur les apprentissages fondamentaux, qui relèvent de la partie scolaire, mais aussi sur la nécessité d'appréhender l'enfant dans sa globalité, en tenant compte des difficultés qu'il peut rencontrer au sein de sa famille, des déterminismes qu'il subit dans le territoire où il vit. Il s'agit donc de personnaliser les problèmes de chacun.

Il n'était pas question de traiter tous les sujets dans le texte, puisque la refondation de l'école ne pourra être réalisée que sur plusieurs années. Mais, depuis quelques mois, un certain nombre de dispositifs ont été mis en place. En ce qui concerne le handicap, par exemple, nous avons rétabli en urgence des postes d'accompagnants de vie scolaire qui avaient été supprimés pendant la précédente législature. Par ailleurs, grâce à la commission des affaires culturelles, nous avons repris dans le texte les beaux mots d'« école inclusive », qui expriment bien ce que nous voulons faire en la matière.

Les enfants porteurs de handicap doivent en effet trouver toute leur place au sein de l'école. Il ne faut pas leur demander de s'adapter à l'école ; c'est à cette dernière de se bâtir en fonction des besoins de tous les enfants. Voilà une valeur que nous défendons. Le travail que je mène avec Marie-Arlette Carlotti sur la professionnalisation des accompagnants de vie scolaire doit ainsi contribuer à améliorer la situation des enfants porteurs de handicap au sein des établissements scolaires.

Vous avez également évoqué la santé. Les questions telles que la lutte contre l'obésité ou la restauration scolaire font évidemment partie des actions que nous menons : l'école doit favoriser des comportements responsables. Or, en ce qui concerne le suivi de la santé, nous avons à rebâtir un secteur en déshérence, puisque les postes de médecine scolaire ne sont pas pourvus et que nous devons susciter l'appétence pour ces métiers. Je rappellerai cependant que l'action en faveur de la santé et le dépistage des troubles est en hausse de 3 % dans le budget pour 2013. Nous développons également la lutte contre les addictions et contre les drogues ou l'éducation à la sexualité, mais, là encore, ces actions relèvent davantage des textes réglementaires que d'un texte de loi.

Je reviens sur une observation qui a été faite concernant l'égalité et la lutte contre les stéréotypes. J'ai entendu de nombreux propos convenus à ce sujet. Aujourd'hui, les jeunes filles qui ont été plutôt bonnes à l'école ont, à cause des difficultés d'orientation et de la persistance des stéréotypes, une place dans le monde professionnel infiniment moins importante que celle à laquelle elles pourraient prétendre. Aussi faut-il vraiment lutter, au sein des établissements scolaires, contre les stéréotypes et les problèmes de genre et apprendre aux enfants de quoi il s'agit pour les aider à échapper à ces stéréotypes. Là encore, c'est le gouvernement actuel qui a élaboré une convention interministérielle permettant de redonner à l'éducation à l'égalité toute la place qu'elle doit avoir dans la formation de nos jeunes.

Plusieurs d'entre vous ont abordé la question de la parentalité et de la famille. Je partage entièrement leurs propos. Nous savons bien – et c'est peut-être l'une des explications des inégalités scolaires – que le rôle de la famille est tout à fait important dans la réussite et le parcours scolaire. Au cours de la législature précédente, on a eu droit à un discours assez stigmatisant contre les parents. Les parents des milieux populaires, surtout, ont été considérés avec le plus grand mépris : pour leur apprendre à remplir leurs devoirs, il fallait les priver de leurs allocations familiales.

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