Intervention de Pouria Amirshahi

Séance en hémicycle du 13 mars 2013 à 15h00
Questions au gouvernement — Aide européenne au sahel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPouria Amirshahi :

Monsieur le ministre délégué chargé du développement, alors que les armées françaises et africaines combattent ensemble, je veux rappeler ici que la mère de toutes les batailles, c'est celle que nous devons mener contre la pauvreté. L'obscurantisme, la violence, les mafias et les trafics en tout genre se nourrissent d'abord et surtout de la misère, misère qu'aggrave chaque fois la corruption.

En effet, les armes ne régleront pas tout. En Afrique, c'est une autre politique de développement qu'il faut mettre en place. Je me réjouis d'ailleurs de votre annonce d'une loi de programmation dans ce domaine. Mais il s'agit maintenant de mobiliser toute l'Europe. Nous devons faire preuve de la même ambition dans notre relation avec l'Afrique que celle qui avait présidé à la reconstruction du vieux continent au lendemain de la seconde guerre mondiale.

En l'occurrence, notre première priorité doit être le rétablissement de la capacité des États du Sahel, et en particulier de leurs services publics – éducation, justice, santé – mis à mal ces dernières années par des politiques structurelles d'inspiration libérale. Celles-ci n'ont fait que fragiliser les structures étatiques, avec les résultats catastrophiques que l'on a vus. Trop d'exemples montrent que l'échec de l'État signifie la victoire des fléaux terroristes et mafieux. Plutôt que d'exiger des États qu'ils se démembrent, les politiques de développement doivent définir de nouvelles conditionnalités comme le respect des libertés fondamentales, la lutte sincère contre la corruption et la défense des droits des femmes, dont l'émancipation est une condition au développement.

Cette bataille est aussi une bataille européenne et elle commence au Mali – pour ramener la concorde et la paix, mais aussi pour faire fonctionner les infrastructures en eau et en énergie et les réseaux de transports. La France peut y associer étroitement ses collectivités locales et les diasporas. Leur connaissance du terrain est souvent un atout formidable. Les Maliens de France, mais aussi les Français du Mali sont les premiers acteurs de cette nouvelle ambition. Vous comprendrez que j'associe à ma démarche le président du groupe d'amitié France-Mali Razzy Hammadi.

Monsieur le ministre, réussir le développement, c'est donner toutes ses chances à la démocratie. Merci de nous dire quelles actions sont entreprises par le Gouvernement pour coordonner les actions européennes et enfin affronter ce défi historique. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

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