Intervention de Frédéric Reiss

Séance en hémicycle du 19 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Même si la mastérisation n'est pas remise en cause, la place de ces écoles au sein de l'université reste floue ; pas besoin non plus de loi pour réveiller les IUFM.

Il n'en fallait pas davantage, d'ailleurs, sur le troisième point, puisque c'est par décret que les rythmes scolaires ont été modifiés. Après des travaux consensuels sur le sujet, vous avez réussi l'exploit de mécontenter la majorité de nos concitoyens. Ce n'est pas la création d'un fonds de 250 millions d'euros, véritable leurre qui incitera les élus locaux à mettre en oeuvre cette réforme dès la rentrée 2013.

L'innovation serait-elle dans le Conseil supérieur des programmes ? Là encore, il s'agit de la restauration d'une entité créée par la loi Jospin. Pourquoi la loi Fillon l'avait-elle supprimée, créant à la place le Haut Conseil de l'éducation ? Parce qu'elle était devenue le lieu de tous les lobbyistes des disciplines. Ce n'est pas parce que vous avez martelé que cette structure serait indépendante que vous nous avez convaincus ; bien au contraire. Lorsque, sur seize membres, le ministre en nomme dix, le doute est permis !

Va-t-on, contre l'avis de toutes les études, externaliser de nouveau le traitement de la difficulté scolaire ? Vous annoncez – mollement, d'ailleurs – le retour des RASED et plus de maîtres que de classes. Sur quels critères ? Quelle sera l'évaluation des effets ?

De plus, vous réaffirmez le collège unique, dont chacun sait l'échec. L'abrogation de la loi Cherpion et du dispositif d'alternance pour des collégiens de quatrième et troisième choisissant la voie professionnelle est une erreur – une « regrettable suppression » et une « idéologie dépassée », a tweeté Ségolène Royal. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP. – Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

Enfin, je ne peux m'empêcher de relever les élucubrations de certains députés de la majorité qui ont souhaité rebaptiser l'école maternelle « école première » – un moment surréaliste dans l'hémicycle ! Et dire que notre école maternelle, qui scolarise déjà les enfants de deux ans dans les territoires défavorisés, nous est enviée dans le monde entier !

Aujourd'hui, le véritable enjeu pour l'école est la réforme des statuts des personnels, la redéfinition de leur mission et de leur service – notamment pour les directeurs –, une revalorisation des salaires, comme nous avions commencé à le faire pour les débuts de carrière, mais aussi une plus grande autonomie des établissements scolaires, pour une éducation en collaboration étroite avec les familles, basée sur le mérite et l'égalité des chances.

Dans un monde en proie à des mutations aussi rapides que profondes, l'école doit être un sanctuaire, mais un sanctuaire ouvert sur la cité et sur le monde social, économique et culturel. Monsieur le ministre, la volonté affichée de développer le numérique à l'école ne suffit pas à masquer les insuffisances de cette réforme que les socialistes étaient pressés de mettre en oeuvre.

Pour toutes ces raisons, le groupe UMP votera contre cette loi qui n'a de refondation que le nom. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

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