Intervention de Laurence Dumont

Séance en hémicycle du 19 mars 2013 à 21h30
Débat sur le rapport d'information sur les moyens de lutte contre la surpopulation carcérale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Dumont :

De même, une organisation et une coordination de l'ensemble des intervenants sont indispensables à la mise en place d'un suivi en détention et à la sortie.

Dans ma circonscription, conscientes des limites existantes, les associations ont lancé un groupe de travail destiné à sortir un livre blanc de la réinsertion, avec trois objectifs : redonner un sens à « la sortie de prison », construire une culture commune de la réinsertion, prendre en compte la personne dans sa globalité. Une vingtaine d'institutions, de pôle emploi aux visiteurs de prison, en passant par les SPIP, le Conseil régional, le médecin psychiatre, l'ARS, et j'en passe, y sont représentées pour identifier les passerelles à créer entre les différents services, les obstacles à surmonter et les ruptures existantes dans le parcours de la personne sous main de justice ou libérée.

C'est dans cette direction que nous devons concentrer nos efforts pour une coordination effective des intervenants au bénéfice de la personne et des services qui verront leur mission mieux ciblée.

Nous devons aussi encourager et soutenir les initiatives existantes en matière d'emploi et de formation afin d'enrichir notre offre d'accompagnement. Notre mission propose à ce sujet de s'inspirer des pratiques étrangères. Je propose également de conforter et de transposer des expériences françaises qui ont porté leurs fruits.

À titre d'exemple, le centre pénitentiaire de Caen, qui abrite une zone d'activité très importante, a en son sein un atelier imprimerie associatif ARTEC qui, au-delà de fournir un travail à des personnes détenues, les forme aux métiers de l'imprimerie.

En cinq ans ont été obtenus en détention vingt-huit BEP, cinq diplômes du baccalauréat, une VAE licence professionnelle d'édition. À la sortie, un BTS d'informatique, trois certificats de qualification professionnelle métiers de l'imprimerie, un doctorat d'informatique ont été poursuivis et validés. Le 15 mars dernier, j'ai reçu un courrier d'un détenu, formé à l'ARTEC, qui me faisait part de son projet de créer une entreprise dès sa sortie prévue dans quelques semaines.

Mais les chiffres sont têtus. Le taux d'emploi est en baisse constante depuis 1974, les formations en détention restent très insuffisantes.

Il est donc urgent et essentiel de mettre en oeuvre nos propositions pour que les personnes détenues puissent bénéficier d'un accompagnement et d'un suivi coordonné dans et hors la prison, ainsi que d'une offre de formation et d'activité adéquate et correspondant au marché du travail.

En un mot, les personnes détenues doivent pouvoir utiliser le temps d'exécution de leur peine dans et hors les murs, pour construire leur intégration dans une société qui aura enfin mis en oeuvre les moyens de leur retour en son sein. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

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