Intervention de Jean-François Copé

Séance en hémicycle du 20 mars 2013 à 15h00
Motion de censure

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Copé :

Je m'explique : avant d'être des consommateurs, nous devons être des producteurs. Oui, tous les Français sont des producteurs : les ouvriers, les employés, les cadres, les entrepreneurs, les chercheurs, les investisseurs, les créateurs, les agriculteurs, les artisans, les professions libérables, les fonctionnaires même qui produisent des services publics. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Mobilisons toute la communauté nationale en faveur de ce « front des producteurs », un front qui tourne le dos à la lutte des classes à laquelle vous vous référez si souvent et qui associe le travail et le capital, bref : toutes les forces de la France rassemblée au lieu d'être stigmatisée comme elle l'est aujourd'hui.

Ce n'est pas vous, monsieur le Premier ministre, qui créez les emplois dans notre pays. Ce sont les producteurs qui vont embaucher, ce sont les investisseurs qui vont financer la reprise, ce sont les Français eux-mêmes qui vont sortir de la crise. Oui, mais à condition que vous cessiez de les brider et de les matraquer, à condition que vous arrêtiez de pointer du doigt la différence et la réussite.

Pour cela, il y a quatre impératifs.

Premièrement, il faut libérer les Français de l'étranglement. Je vous demande d'arrêter immédiatement toute hausse d'impôts ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Il est même impératif de baisser les prélèvements obligatoires, tout particulièrement lorsqu'ils touchent le travail et les outils de production.

Renoncez notamment à cette folie pure qu'est l'alignement de la fiscalité du travail et du capital, comme vous voulez le faire. (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC.) Écoutez donc les économistes de gauche.

Relisez Henri Sterdyniak, initiateur du Manifeste des Économistes Atterrés – par votre politique. Relisez Philippe Aghion, conseiller du parti socialiste : « Il n'y a aucune étude théorique sérieuse qui justifie que le capital soit taxé à l'identique du travail. Le capital, c'est de l'épargne. Ce sont donc des revenus accumulés qui ont déjà été taxés. Taxer les revenus du capital revient donc à taxer deux fois le travail. » (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Il faut atterrir, comprendre ce qu'est la réalité du monde d'aujourd'hui.

Certes, il faut baisser drastiquement la dépense publique inutile. Mais, pour l'instant, vous en êtes incapables. Pire, vous l'augmentez. Il n'y a qu'un poste budgétaire que vous vous apprêtez à sacrifier en toute irresponsabilité : la défense nationale. Ben voyons ! Dans un siècle où l'instabilité rend l'effort de défense indispensable, vous baissez la garde. C'est irresponsable alors que tant de nos soldats sont engagés au service des valeurs de notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Osez plutôt lancer de véritables réformes structurelles ! En cette période de crise, les fonctionnaires qui bénéficient de la protection de l'emploi doivent prendre part aux efforts demandés. Ils y sont prêts. Il nous faut envisager qu'ils puissent travailler trente-neuf heures par semaine, être moins nombreux et mieux payés, mieux considérés aussi, mieux reconnus dans leur carrière. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

De la même manière, monsieur le Premier ministre, peut-être pourriez-vous donner l'exemple avec votre Gouvernement. Sans vous faire offense, il y a dans votre équipe pléthorique de trente-huit ministres plusieurs personnes dont les Français ne connaissent ni le nom ni l'activité. Quinze ministres pour piloter l'action publique, il me semble que ce serait largement suffisant. (Exclamations sur quelques bancs du groupe SRC.)

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