Intervention de Jean-François Copé

Séance en hémicycle du 20 mars 2013 à 15h00
Motion de censure

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Copé :

…Chavez, ce dictateur au petit pied dont les atteintes aux libertés fondamentales ont été dénoncées par toutes les ONG du monde, et devant lequel votre allié électoral, Jean-Luc Mélenchon, verse des larmes de crocodile ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

L'impunité est permanente, et pas seulement en paroles : vos actes témoignent également d'un dangereux manque de lucidité. Laissez-moi vous citer deux exemples emblématiques qui ont semé le plus grand trouble dans l'esprit des Français.

Premier exemple : la suppression du jour de délai de carence pour les agents de la fonction publique. (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.) Comment avez-vous pu accepter une telle décision, qui divise le peuple de France, avec, d'un côté les travailleurs du public, qui bénéficieraient d'attentions privilégiées de votre part, et, de l'autre, ceux du privé, qui n'auraient que des devoirs ?

Les travailleurs du privé n'ont pas la garantie de l'emploi, leur rémunération nette est inférieure en moyenne de 15 % à celle du public et leur durée du travail supérieure en moyenne de 7 % : qui peut l'accepter ?

Quant aux fonctionnaires, vous les méprisez en les traitant comme une clientèle que l'on achète avec l'argent des autres. Vous avez pourtant affaire à un corps qui, dans son immense majorité, est dévoué au service de l'État, capable de comprendre et d'accepter les impératifs d'une bonne gestion des deniers publics. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Deuxième décision, qui ne vous honore pas – c'est un euphémisme – : l'amnistie que vous avez laissé voter au Sénat pour les syndicalistes qui ont commis des délits de destructions, de dégradations ou de détériorations, encourant une peine de cinq ans d'emprisonnement. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. – Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

En soutenant cette mesure d'amnistie, vous donnez votre bénédiction à la violence et vous exposez nos forces de l'ordre à la brutalité. En effet, qui sème le vent récolte la tempête : à peine la loi votée au Sénat, dix-neuf policiers ont été blessés le 7 mars dernier, lors d'une manifestation devant le siège de l'entreprise Goodyear !

Je sais qu'il se trouve à gauche des républicains sincères qui partagent le trouble ressenti par les Français. Qu'ils aient le courage de partager aussi cette dénonciation !

Par ailleurs, le camouflet électoral reçu dimanche dernier dans l'Oise – votre parti n'étant même pas présent au second tour – ou encore l'échec retentissant du premier déplacement de François Hollande à Dijon montrent le fossé qui vous sépare des Français. Il ne s'agit pas d'incompréhension, mais d'un rejet !

En Bourgogne, François Hollande a expliqué à nos concitoyens : « La crise que nous avons traversée a été rude. Je parle déjà au passé composé, presque à l'imparfait. » Que de légèreté dans ce propos ! Quelle indécence pour nos concitoyens frappés chaque jour par la montée du chômage ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Pour étouffer la clameur des Français, vous multipliez les manoeuvres de diversion. Mais en ces heures difficiles, comprenez qu'il faut vous concentrer sur l'essentiel : oeuvrez au rassemblement national et abandonnez les ferments de la division. Remisez votre projet de mariage et adoption pour tous ! Remisez votre droit de vote des étrangers ! Remisez vos tripatouillages de scrutins électoraux ! Vous ne devez avoir en tête que la sortie de la crise et l'intérêt de la France ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Monsieur le Premier ministre, vous n'avez plus la confiance des Français ni l'estime de vos électeurs, et vous allez d'échecs en échecs ; peut-être cela pourrait-il vous permettre de vous libérer. Ne pensez plus le nouveau monde avec les vieux concepts. Faites confiance aux Français. Croyez en la France !

Prenez part avec nous à ce front des producteurs que j'appelle de mes voeux et que nous allons, à l'UMP, mobiliser sur tout le territoire. Ce front des producteurs qui n'est ni de gauche, ni de droite, mais qui garantira le progrès social et la prospérité de notre nation dans une économie mondialisée.

Cette motion de censure constitue un premier avertissement, celui que de nombreux Français veulent par notre voix vous adresser. Ce front des producteurs porte l'héritage des valeurs qui font la force de la France : le mérite, le travail, l'ingéniosité, la générosité – en trois mots : la liberté, l'égalité, la fraternité !

Voilà, monsieur le Premier ministre, pourquoi il vous faut dès maintenant changer de politique. Vous n'avez plus de temps à perdre : changez maintenant car, après, il sera trop tard, et les Français sauront vous le rappeler ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP, dont de nombreux députés se lèvent, et du groupe UDI.)

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