Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 20 mars 2013 à 15h00
Motion de censure

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

…de défaire l'injustice. Mais il me faut surtout répondre au doute qui taraude la nation tout entière. Comment retrouver le chemin de notre destin ? Comment repenser le modèle français, quand tous vos discours paraissent le condamner ? Il ne s'agit pas de sortir d'une dépression passagère, mais de réarmer le pays, de lui donner la force de faire face aux nouvelles mutations du monde. Voilà la mission du Gouvernement ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

À ces questions, il y a trois réponses possibles.

La première est celle du repli sur le carré national, la fermeture des frontières, la sortie de l'euro, la fuite en avant dans la dépense publique. Cet enfermement est le contraire de la grandeur. Il désigne sans cesse des boucs émissaires, cherche toujours des excuses à son impuissance et conduit au déclin les pays qui s'y sont abandonnés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Je récuse avec la même force, monsieur Copé, la tentation du « teapartisme », cette combinaison du libéralisme économique et d'une droite autoritaire et ultraconservatrice, qui conduit à amputer la République de ses valeurs d'égalité et de fraternité. Ce n'est pas la solidarité qui nous tire vers le bas, mais ceux qui la défont et qui, ce faisant, affaiblissent la capacité de la France à s'en sortir et à maîtriser son destin. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Le nouveau modèle français que je défends repose sur l'idée que les valeurs constitutives de la République sont les leviers de notre modernisation, qu'elles ne sont pas le problème mais la solution. C'est parce qu'ils ont remis la France en concordance avec ses valeurs que les grands républicains de notre histoire ont réussi à redresser et à moderniser notre pays. C'est parce que nous aurons le même courage de changer, de réformer ce qui bloque notre société, que nous la redresserons. Cessons d'accuser les autres (« Oui ! » sur les bancs du groupe UMP), de penser qu'ils sont la cause de nos difficultés. Le secret de notre réussite, ce sont nos réformes. Et j'affirme ici que les réformes que nous avons engagées sont fidèles à ce que nous sommes profondément, nous, le peuple français.

Mesdames, messieurs les députés, je sais où je vais. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC – Rires et exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) Je sais comment y parvenir. Je sais ce que la France doit être au terme de ce quinquennat ; c'est à cela que je me suis attaqué dès le premier jour. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Un État désendetté qui soit respecté ; une fiscalité stable mais juste ; une économie affermie par la réindustrialisation et par l'écologie ; des entreprises dont la compétitivité repose autant sur la montée en gamme que sur la qualité du dialogue social ; des nouvelles sécurités pour le travail, qui cassent la logique du chômage de masse et la précarité et relancent la mobilité sociale et salariale ; une protection sociale assainie et plus juste ; une société responsabilisée et plus soudée qui fait vivre ses principes de laïcité et d'égalité des droits ; enfin une jeunesse qui a la certitude d'avoir sa place…

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