Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 20 mars 2013 à 15h00
Motion de censure

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Désormais, comme je viens de le dire, les outils sont là. C'est pourquoi j'appelle chacune et chacun à la mobilisation pour les mettre pleinement en oeuvre et leur donner toute leur force, afin de permettre aux Français d'avoir toutes leurs chances et aux réformes que vous avez votées de porter leurs fruits, pour eux, pour leurs enfants et pour la France. Voilà notre responsabilité collective ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Ma rigueur, c'est l'esprit de responsabilité. Mais il n'y a pas de responsabilité sans exemplarité (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI), pas de consentement aux réformes si ceux qui ont le plus ne contribuent pas le plus à l'effort nécessaire, et c'est ce que nous avons engagé. C'est pour cela que nous avons entrepris la réforme fiscale que vous avez contestée il y a quelques instants, monsieur Copé, réforme qui rétablit l'équilibre entre le capital et le travail. C'est pour cela que nous avons mis en place une tranche supérieure sur l'impôt sur le revenu, supprimé le bouclier fiscal et rétabli l'impôt de solidarité sur la fortune que vous aviez supprimé.

Nous avons veillé à protéger le pouvoir d'achat des classes populaires, plafonné les rémunérations des dirigeants des entreprises publiques. Dans quelques semaines, mesdames, messieurs les députés, je vous proposerai un projet de loi pour que ces mesures s'appliquent aussi aux dirigeants des grandes entreprises privées. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Cette rigueur de comportement doit s'imposer également à nous, représentants de la nation, quoi qu'il en coûte – je dis bien : quoi qu'il en coûte. Je salue en cet instant Jérôme Cahuzac, qui a fait preuve de dignité et de responsabilité en présentant, hier, sa démission. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Je tiens à le remercier ici pour son action remarquable et courageuse au Gouvernement, car il a été un excellent ministre du budget au service de la France. (Mêmes mouvements.)

Nous devons être exemplaires, quand nous demandons des efforts aux citoyens. La moindre des choses pour les responsables publics, c'est, en effet, de donner l'exemple. C'est pourquoi, avec le Président de la République et tous les membres du Gouvernement, nous avons diminué de 30 % nos rémunérations. (Interruptions sur les bancs du groupe UMP.)

Nous avons également défini des règles draconiennes de comportement et d'éthique au sein du Gouvernement. Les assemblées, monsieur le président, ont entrepris la même démarche. Eh bien, nous irons jusqu'au bout : avant l'été, je vous soumettrai le projet de loi abrogeant le cumul des mandats. (Mmes et MM. les députés des groupes SRC et écologiste se lèvent et applaudissent. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Viendra juste après un projet de loi contre les conflits d'intérêts. Vous aurez également à débattre, réunis en Congrès, des modifications constitutionnelles qui enracineront la démocratie sociale et l'indépendance de la justice dans notre loi fondamentale.

Ma rigueur, c'est l'égalité des droits et la responsabilisation des citoyens.

Mon gouvernement s'honore d'ouvrir, avec l'appui de la majorité parlementaire, le mariage aux personnes de même sexe. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Mon gouvernement s'honore d'avancer dans l'égalité des droits entre les femmes et les hommes, de traquer partout toutes les formes de discrimination et de marginalisation.

Mais il met la même détermination à faire respecter tout ce qui doit fonder notre vivre-ensemble et l'autorité de la République : la sécurité, la laïcité, le civisme, la responsabilité personnelle. Nous ne céderons pas un pouce de terrain au crime et à la délinquance. (Vives interruptions sur les bancs du groupe UMP.) Ils trouveront partout l'État en face d'eux. La police et la justice travailleront en commun. Dure avec la délinquance, dure avec les causes de la délinquance : telle est et restera la ligne de conduite de mon Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Ma rigueur, c'est la justice sociale : rétablir le primat du travail sur la rente, de l'utilité sociale sur le privilège, de la solidarité sur l'individualisme.

Ma rigueur, c'est la réforme et c'est un langage de vérité que j'assume. Ce langage de vérité, je le revendique, parce qu'il est temps de sortir d'un paternalisme du non-dit qui infantilise le pays, qui, au bout du compte, bloque toutes les réformes, fait monter les corporatismes et empêche la France de retrouver la maîtrise de son destin. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Voilà la vérité que je dois au pays. J'ai le courage de la dire, je n'ai pas peur, car c'est l'exigence des Françaises et des Français. La confiance dont vous avez parlé, monsieur Copé, elle se construit dans la vérité qu'on doit au peuple français.

Nous n'avons pas de temps à perdre pour redresser la France, mais nous ne la redresserons pas sans les Français eux-mêmes. Nous ne pouvons pas reprendre notre destin en main sans construire avec eux un véritable compromis historique. Le Gouvernement en a jeté les bases, avec la conférence sociale. Il a fixé une feuille de route, avec des objectifs et un calendrier précis. Alors on me dit : « C'est trop long ». (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

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