Intervention de Jacques Bompard

Séance en hémicycle du 20 mars 2013 à 15h00
Motion de censure

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mes chers collègues, voici dix mois que la nouvelle majorité est en place, que tous les pouvoirs sont entre ses mains dans cette maison, mais aussi au Sénat, dans presque toutes les régions, dans une majorité de communes et de départements. Aux yeux de tous, vous semblez totalement libres d'agir. Pourtant, vous êtes prisonniers.

Prisonniers, d'abord, de l'Union européenne, elle-même captive des banques. Vous ne prenez pas vos conseils ici, auprès de la représentation parlementaire, vous ne prenez pas non plus vos ordres du peuple français. Vos ordres viennent de Bruxelles, c'est-à-dire de la City, de Wall Street et de n'importe quel carrefour où le capital financier fait voyager ses milliards. Vous ne défendez pas les Français. Vous n'êtes qu'un gros boulon parmi d'autres dans la formidable machine mondiale à rançonner les populations.

Prisonniers, ensuite, de vous-mêmes, de votre idéologie, c'est-à-dire de vos illusions. Si certaines illusions sont charmantes, les vôtres sont macabres, car elles portent en elles la mort du réel. Le réel, voilà votre ennemi. Aussi n'est-il pas étonnant de constater que toute votre politique se résume à la fabrication d'une illusion masquant le réel, que vous espérez ainsi rendre supportable à nos concitoyens. Le chômage de masse ? Vite, un nouveau TUC, un nouveau gadget pour faire du bruit médiatique. Votre seul but est bien de masquer la réalité, de faire croire que le chômage est une fatalité, une sorte de catastrophe naturelle qui ne doit rien aux décisions politiques prises depuis trente ans dans des cénacles mondialistes et imposées au peuple à grand renfort de mensonges. La dette publique ? Vite, on augmente les impôts en ciblant notamment les classes moyennes, puisque les très riches sont ceux qui commandent et que les très pauvres ne peuvent guère payer – ils seront tout de même touchés, eux aussi, par la hausse de la TVA.

Naturellement, il n'est jamais question de faire payer la dette aux banquiers, au contraire. Avec le mécanisme européen de stabilité que vous avez ratifié, les banquiers pourront emprunter auprès de la banque européenne à un taux faible, pour prêter au Mécanisme européen de stabilité à un taux plus élevé – qui, lui-même, prêtera aux États à un taux encore plus élevé. Vous vous dites socialistes, mais vous n'êtes que les chefs du rayon France du capitalisme financier mondial. Toute votre oeuvre consiste à masquer la réalité, que ce soit la réalité de la crise, celle de l'abandon de nos souverainetés, celle de la surdélinquance, celle d'une immigration clandestine pathogène, celle d'un État qui n'est plus qu'un spectre désemparé, puisque désormais hors de son corps, hors de sa chair – en fait hors de la Nation, hors du peuple français.

Il n'est donc pas étonnant de constater que le seul moment où l'on peut enfin distinguer, chez vous, quelque apparence de volonté, c'est lorsqu'il s'agit de briser le réel, de le nier. On le voit bien avec votre projet de mariage homosexuel et ses appendices : adoption, GPA, PMA et, demain, promotion de l'euthanasie. Mais même dans ce domaine, vous allez dans le sens du mondialisme suicidaire : destruction de la Nation, du mariage, de la famille, de tout repère, de tout ce qui peut faire obstacle au laisser-circuler, au laisser-vendre. Fin de l'homme et de la femme, du citoyen, place au consommateur, place au gender, place au narcisse, place au malléable, à l'isolé, à celui pour qui la patrie se résume à son compte Facebook, et pour qui la famille est constituée de ceux qui achètent les mêmes objets que lui.

Au regard de tout ce que je viens de vous dire – le temps de parole qui m'est alloué m'interdisant d'en dire davantage –, vous aurez compris que je m'apprête à voter la censure de votre gouvernement. Je sais que, ce faisant, je me trouverai dans la minorité de cette assemblée. Il n'y a plus, en effet, que dans ces travées que vous pouvez compter sur une majorité. La France n'a pas confiance en vous. Les Français vous ont-ils d'ailleurs jamais fait confiance ? Vous avez été élus par défaut, par rejet d'un président du fait de la division des droites.

Dans un instant, la motion de censure sera rejetée. Il faudra vous contenter de cette petite satisfaction car, en dehors des murs de ce palais, votre politique ne provoque que colère, incompréhension et désespoir. Je le répète : vous niez le réel. Prenez garde à ce que celui-ci ne vienne un jour jusqu'ici vous demander les comptes que vous devez à la Nation et au peuple !

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