Intervention de Catherine Lemorton

Séance en hémicycle du 27 mars 2013 à 15h00
Prohibition de la différence de taux de sucre outre-mer — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales :

Je ne vais pas détailler l'ampleur du fléau de l'obésité outre-mer, qui gagne d'ailleurs la métropole. Je ne reviendrai pas non plus sur tout ce qui a été dit concernant les différences de teneurs en sucres – c'est un propre scandale, en particulier du point de vue de l'égalité – et les dates limites de consommation : ce serait redondant et inutile. Je ne reviendrai pas enfin sur la supposée appétence des populations ultramarines pour le sucre : évidemment, elles ont été conditionnées pour consommer ce que l'on voulait qu'elles consomment !

Je vais plutôt utiliser mon temps de parole pour insister sur les lobbies agroalimentaires, qui s'associent d'ailleurs aujourd'hui avec les lobbies de l'industrie pharmaceutique. Voilà que l'on retrouve dans certaines fondations à la fois les industries qui créent le diabète de type 2 et les industries du médicament qui traitent le diabète de type 2 ! J'ai envie de mettre tout le monde en garde dans cet hémicycle, y compris, si je puis me le permettre, MM. les ministres, qui étaient il y a un an encore nos collègues : on voit des colloques, des forums, des grandes associations s'organiser « sous le haut patronage de… » De qui ? Des lobbies de l'agroalimentaire !

Cette proposition de loi était attendue depuis longtemps. M. Lurel, qui était alors un de nos collègues, l'avait déjà présentée et je continue à regretter que la majorité de l'époque ne l'ait pas votée – je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi.

En tout cas, je ne veux pas revivre le même cauchemar que lors de la loi hôpital, patients, santé et territoires : un amendement avait été présenté pour interdire les publicités de céréales trop grasses, trop sucrées et trop salées pendant les dessins animés à la télévision, et Mme Bachelot, qui pourtant je pense était partante, était soudain revenue de son ministère en brandissant la charte de l'agroalimentaire et en disant que, la main sur le coeur, l'agroalimentaire avait promis qu'il allait se comporter autrement… Pour ma part, je n'ai pas vu de différence.

Quand un enfant de moins de six ans regarde un dessin animé et voit une publicité avec des céréales qui sautillent de partout, quelle portée pensez-vous qu'ont les recommandations des autorités sanitaires, inscrites tout en bas, en tout petit : « trop gras, trop sucré, trop salé » ou « mangez diversifié » ? Il ne sait pas lire ! Cette question concerne l'outre-mer, mais aussi la métropole – tout le pays. Ces gens-là sont bien plus malins que nous, ils avancent beaucoup plus vite que le législateur !

C'est pourquoi, madame la rapporteure, je suis assez fière que vous présentiez aujourd'hui cette proposition de loi. Elle va nous faire avancer. Au-delà de ses bénéfices pour les territoires outre-mer, elle représente un avertissement au lobby de l'agroalimentaire : ça suffit, on sait ce que vous êtes, vous n'allez pas faire la politique de santé publique dans notre pays ! Comme vous l'avez très bien dit dans votre rapport, on en est à trente-trois chartes de bonne conduite de l'agroalimentaire. Elles ont donné à peu près les mêmes effets que la charte de la visite médicale signée par l'industrie pharmaceutique avec Xavier Bertrand en 2005 : on a vu l'affaire Médiator… L'agroalimentaire, c'est exactement pareil.

Je sais que les grands groupes, les gros syndicats de l'agroalimentaire, comme l'ANIA, suivent de près nos débats. Je leur dis que nous pouvons discuter avec eux, que nous pouvons nous asseoir ensemble autour d'une table, mais que nous veillons ! Et que nous ne baisserons pas notre garde !

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