Intervention de Christian Hutin

Séance en hémicycle du 2 avril 2013 à 21h30
Sécurisation de l'emploi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Hutin :

Eh bien, en Auvergne, ce n'est pas un lièvre mais un âne !

Permettez à mon tour d'évoquer mon propre bestiaire. Pour rester dans l'imagerie de notre collègue, je parlerai de l'âne de Buridan à propos de ce texte. Cet âne assoiffé et affamé qui, une fois placé dans une prairie devant un seau d'avoine et un seau d'eau, est resté immobile, ne sachant lequel choisir, puis est mort de faim et soif.

Nous sommes tous d'accord pour dire que notre pays est assoiffé et affamé, qu'il souffre d'une disette d'emplois industriels ; nous dansons devant le buffet de la balance commerciale. Il faut agir, il y a urgence.

Au-delà de cette image primaire, Buridan, philosophe du XIVe siècle, voulait illustrer l'opposition entre déterminisme et libre-arbitre.

Le déterminisme, c'est dire que tout est inéluctable. Tout est-il inéluctable ? J'espère que non, je pense que non.

Mais au-delà du projet de loi qui nous occupe, il y a un fait inéluctable, c'est qu'un texte français ne pourra avoir d'importance que si les choses bougent au niveau européen.

Mes amis socialistes ne m'en voudront pas si je cite Jean-Pierre Chevènement : « Le socialisme a parfois des difficultés à imposer aux institutions européennes et aux institutions mondiales un compromis social qui pourrait s'opposer aux forces du capital ». Il est indispensable à mes yeux – le rapporteur l'a souligné en préambule comme l'a fait François Hollande au mois de juillet – qu'il y ait une refonte de l'organisation européenne. Dans tout ce que nous pouvons entreprendre aujourd'hui, il s'agit d'un élément essentiel.

À côté du déterminisme, il y a le libre arbitre. Et là, j'évoquerai le seau d'avoine. Dans ce texte, il y a indéniablement de l'avoine. Il permet des progrès majeurs, attendus par nombre de salariés : mutuelles, formation professionnelle, droits rechargeables – une idée simple et si indispensable qu'on peut se demander pourquoi personne ne l'a eue avant. Il y a aussi le retour de l'État. Certes, on n'en est pas aux procédures des années quatre-vingt, mais on s'en rapproche et c'est une excellente chose.

Le seau d'avoine existe du côté du salarié et du côté du MEDEF. D'autres en parleront mieux que moi.

Et puis il y a le seau d'eau. Notre libre-arbitre de député nous permettra d'améliorer le texte par voie d'amendements et de mettre un peu d'eau dans le vin : les députés du MRC en présenteront quelques-uns, le rapporteur soixante-dix ou quatre-vingts.

Moi, je crois à l'alliance des productifs pour le redressement national, comme eût pu le dire Maurice Thorez en 1946. C'est en ce sens que les députés chevènementistes du groupe SRC voteront ce projet de loi, amendé et amélioré. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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