Intervention de Patricia Adam

Séance en hémicycle du 22 avril 2013 à 17h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises au mali débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, chère Élisabeth, chers collègues, à l'occasion de ce débat, notre première pensée s'adresse d'abord aux soldats, à ces Français qui nous ont quittés et, bien entendu, aux otages, sur lesquels notre attention reste fixée chaque semaine, chaque jour, à chaque instant.

Mais c'est aussi à l'avenir qu'il nous faut penser. Avant cela, nous devons tirer un bilan de ce qui s'est passé depuis le 11 janvier dernier.

La commission de la défense n'a aucun doute, dans son ensemble, sur le bien-fondé de cette opération. On peut même considérer que rarement une opération militaire aura été aussi opportune. La France est intervenue en urgence, au profit d'un pays ami dont l'existence même était remise en cause par un adversaire porteur d'un projet politique totalitaire. Nous avons au sein de la commission de la défense la certitude que la France défend une cause juste.

C'est la nature de l'ennemi, ainsi que le danger vital couru par le Mali qui expliquent l'unanimité du soutien que la France a recueilli auprès de la communauté internationale. Je dirais même, après avoir vu et entendu un certain nombre de nos collègues européens, que nos soldats et leur professionnalisme ont suscité l'admiration de beaucoup de pays européens.

L'opération elle-même a été un succès quant aux objectifs fixés, c'est-à-dire la libération des zones contrôlées par les djihadistes des diverses factions. Ce succès demande cependant quelques précisions.

Premièrement, c'est le fait d'avoir anticipé la dégradation de la situation sur place qui a permis aux équipages du 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales de bloquer l'avance djihadiste.

Deuxièmement, c'est l'existence des forces prépositionnées en Afrique qui a permis de renforcer le dispositif d'alerte avancée.

Troisièmement, c'est le système d'alerte « Guépard » qui a permis une montée en puissance sans heurt.

Enfin, c'est bien sûr le formidable niveau de professionnalisme de nos forces qui a permis de mener une mission difficile face à un ennemi beaucoup plus mordant qu'attendu et ce, à un rythme exceptionnel. De plus, je veux saluer aussi les pays qui nous ont apporté leur aide, que ce soit pour le ravitaillement, le transport ou par l'appui de drones.

Il est important d'évoquer aussi, dans ce débat, ce que sera la situation demain, si nous n'apportons pas ensemble, entre Européens, des réponses aux manques de la France mais aussi de l'Europe.

Pour être complète, je dresse un bilan extrêmement positif de l'information transmise au Parlement. Le Premier ministre a reçu les présidents de commission et les présidents de groupe à plusieurs reprises. Le ministre de la défense, à l'instar de M. Fabius, s'est déplacé chaque semaine pour faire un point de la situation devant notre commission. Je l'en remercie sincèrement au nom de celle-ci.

Faut-il prolonger la mission ? Oui, bien sûr. D'une certaine façon, ce qui a été fait n'est pas le plus dur ou le plus facile, mais certainement le plus dangereux. L'ennemi est soit en partie détruit soit dispersé. Les conditions de départ d'un processus de stabilisation sont donc réunies.

Le mandat des Nations unies devrait pouvoir débuter prochainement, et je sais que notre gouvernement y travaille sans relâche. La France y prendra sa part. La prolongation de l'opération est nécessaire à ce titre. Il est en effet indispensable que notre pays puisse à la fois participer aux côtés de ses voisins européens aux activités de formation déjà entamées et maintenir une force de réaction rapide capable de faire face aux situations imprévues, qui ne sont pas à exclure.

Je conclurai mon intervention en rappelant une vérité première : si la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, la fin de la guerre est quant à elle toujours un acte politique. S'agissant du Mali, il est indispensable que le processus en cours débouche sur une solution qui garantisse à la fois l'intégrité territoriale du pays et la satisfaction des justes revendications des populations du Nord. C'est à l'émergence et à la réalisation de ce projet politique que devra concourir l'ensemble de la communauté internationale.

Demain, nous partons quelques-uns de mes collègues et moi-même pour une mission au Mali, à l'issue de laquelle nous rendrons un rapport. Nous nous attacherons à consolider l'action menée pour l'avenir démocratique du Mali à travers les diverses rencontres que nous aurons. Notre rapport, comme nous l'avons décidé en commission, sera axé sur une question principale, celle des avancées que l'Europe pourra venir conforter en termes de normes ou de partage des capacités et des moyens. Cela permettra peut-être de rendre plus constructif le débat du Conseil européen de décembre, que beaucoup ont déjà évoqué.

Demain soir, nous irons devant les militaires témoigner, en votre nom, chers collègues, du respect plein et entier de la représentation nationale pour l'action qu'ils ont menée et leur faire part du soutien que j'espère unanime de notre assemblée. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

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