Intervention de Nicole Ameline

Séance en hémicycle du 23 avril 2013 à 22h00
Avenir politique de la construction européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicole Ameline :

Sommes-nous capables de défendre notre position dans le monde et de résister à la tentation empoisonnée du repli protectionniste ?

L'heure est en réalité, aujourd'hui, à la volonté et au pragmatisme. Cette proposition est opportune parce que les débats théoriques qui nous ont beaucoup occupés sont, au fond, quelque peu derrière nous. Je prendrai l'exemple de l'Europe intégrée : il n'y a, aujourd'hui, plus de contradiction entre la permanence des États et la perspective d'une Europe globale, et le système multilatéral sur lequel repose l'Union européenne est un cadre de coopération particulièrement adapté. Il n'y a pas non plus de contradiction entre le renforcement des capacités européennes de défense et l'appartenance à l'OTAN. Bien au contraire, c'est dans la conjugaison de la force incontournable de notre dissuasion nucléaire et de l'optimisation de nos forces conventionnelles que doit se consolider le lien transatlantique. Cette prise de conscience se renforce par la volonté exprimée par les États-Unis de recentrer leur vision stratégique sur l'Asie-Pacifique. Faudrait-il attendre, mes chers collègues, la pression de Washington pour investir ce nouveau champ d'autonomie stratégique ? Non. Je crois qu'il est, aujourd'hui, au contraire, de notre devoir de créer des coopérations intra-européennes plus renforcées et plus opérationnelles. La France, qui a toujours été en première ligne des interventions européennes sur les différents théâtres d'opérations, a une responsabilité en ce sens.

De mon point de vue, les accords de coopération entre les États européens sont essentiels. Je rendrai hommage à ce que nous avons fait en signant les accords de Lancaster House, lesquels ont symbolisé l'idée que l'intelligence économique était la meilleure réponse à la question de l'affaiblissement des budgets militaires, sachant qu'à défaut de partage de nos capacités, il n'y aura plus de capacité. Sachons en faire aussi un élément de compétitivité, considérant que nos industries de défense représentent près de 40 % du marché mondial. Veillons, là encore, à définir des priorités, des champs d'intervention stratégique, des politiques de voisinage. L'Europe doit-elle être un acteur régional ou doit-elle et peut-elle encore conserver une influence directe sur les conflits décisifs ?

Monsieur le ministre, il nous faut un Livre blanc européen. Comment imaginer ne pas être en mesure de définir ces enjeux collectifs ?

Je conclurai mon propos en précisant que des événements majeurs vont se produire cette année avec la publication du Livre blanc français, avec la loi de programmation et surtout avec le Conseil européen qui se tiendra en fin d'année. Je souhaiterais, enfin, connaître les priorités et l'engagement de la France et rappeler notre soutien à l'interpellation politique que nous font, ce soir, l'UMP et Pierre Lellouche ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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