Intervention de Jean-François Lamour

Séance en hémicycle du 23 avril 2013 à 22h00
Avenir politique de la construction européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Lamour :

C'est bien le sujet de la résolution que nous vous proposons.

Le véritable problème est que l'absence de défense intégrée n'est pas suppléée par les défenses nationales car qui, en Europe, est capable d'intervenir efficacement et dans des délais raisonnables sur un théâtre extérieur ?

Du point de vue des capacités militaires, la France et sans doute le Royaume-Uni et l'Allemagne ont encore aujourd'hui les moyens de leurs ambitions mais, sur le plan institutionnel et politique, pas un seul État européen, à part la France, n'aurait pu décider instantanément d'engager ses forces armées ou d'envoyer ses avions pour arrêter la déferlante islamiste au Mali et déployer dans la foulée des troupes au sol.

Hier, dans cet hémicycle, nous avons voté la prolongation de l'intervention française dans ce pays. L'hommage mérité qui a été rendu à nos troupes par chacun des orateurs doit être compris non seulement comme celui de la France envers ses soldats, mais encore comme celui de l'Europe tout entière, qui doit à l'armée française de combattre depuis quatre mois pour sa sécurité et pour sa liberté.

La question se pose dès lors de savoir si la France, qui supporte seule l'effort militaire, et souvent le prix du sang, doit également supporter les efforts budgétaires qu'elle s'est imposés à elle-même par les traités européens.

Le résultat de cette situation absurde serait précisément que la France en vienne à se priver de ses capacités militaires pour respecter ses engagements. Or nous savons tous ici que les scénarios élaborés par Bercy au cours des derniers mois prévoyaient une véritable apocalypse budgétaire pour le ministère de la défense, et les timides assurances du Président de la République lors de son entretien télévisé du 28 mars laissent planer le doute le plus total sur l'après 2014.

Pour éviter le pire, plusieurs pistes existent, dont celle qui consisterait à sortir en partie le budget de la défense de la trajectoire qui nous ramènera progressivement au zéro déficit.

Cette solution mérite d'être posée sur la table, et cela aurait pu être l'un des volets du débat ce soir. Elle mérite d'être examinée sérieusement par le Gouvernement, en lien avec la représentation nationale, dans la perspective de la loi de programmation militaire.

Il y a quelques années encore, elle aurait pu paraître farfelue, mais je sais qu'elle fait aujourd'hui son chemin, y compris chez nos partenaires européens. C'est là, me semble-t-il, un axe de réflexion à privilégier. Je crois, monsieur le ministre, que vous avez raté une véritable occasion d'évoquer ce sujet de manière pragmatique et peut-être apaisée, ce dont nous aurions bien eu besoin ce soir.

Je voterai cette résolution, qui va dans le bon sens car le débat sur ce texte a été l'occasion d'aborder ce sujet crucial tant pour l'avenir de notre armée que pour celui de la construction européenne. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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