Intervention de Sébastien Denaja

Réunion du 18 septembre 2012 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Denaja :

Par ailleurs, plus sérieusement, je suis convaincu que l'on peut à la fois accroître les pouvoirs du Parlement et renforcer le rôle du Conseil constitutionnel en en faisant une véritable cour constitutionnelle – le changement de terminologie serait plus que symbolique. Pour cela, il conviendrait notamment de passer au crible le curriculum vitae des membres de cette institution, ce qui n'est pas la règle en France, contrairement à ce qui vaut pour nombre de cours constitutionnelles étrangères. Le temps n'est-il pas aussi venu de revoir les conditions actuelles de nomination des membres du Conseil par le Président de la République, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, pour passer à un vote par les parlementaires ? Ne serait-il pas judicieux de rendre publiques les opinions dissidentes ? Certains membres de la commission Jospin, tel le professeur Dominique Rousseau, ont beaucoup écrit sur tous ces sujets – peut-être était-il finalement préférable de rester universitaire plutôt que de devenir député pour faire valoir ces vues… Notre Commission devrait en tout cas appuyer la proposition notre collègue Marie-Françoise Bechtel qui, reprenant une recommandation du comité Vedel, tend à permettre qu'une majorité qualifiée du Parlement puisse tenir un lit de justice pour revenir sur une décision du Conseil constitutionnel. Une telle possibilité aurait été fort utile après la censure de la loi sur le harcèlement sexuel et ce seul exemple suffit à prouver la pertinence d'un tel dispositif.

Pour ce qui est de la place du peuple, peut-être pourrions-nous assouplir les conditions de mise en oeuvre de ce que l'on appelle, abusivement pour l'instant, le référendum d'initiative populaire. Pour que le dispositif mérite son nom, il faudra, en abaissant le seuil d'électeurs défini et en revoyant le rôle dévolu au Parlement, réviser la procédure prévue lors de la révision constitutionnelle de juillet 2008 et qui, en réalité, bloque l'application du mécanisme.

1 commentaire :

Le 12/10/2012 à 11:37, YVAN BACHAUD (retraité) a dit :

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Je voudrais bien que M. DENAJA nous explique ici comment la loi organique organisant l'article 11 pourrait permettre à l'article 11 de mériter le nom de référendum d'initiative populaire.

Car comme son nom l’indique, dans un référendum d’initiative populaire il y a deux éléments:

1 l’initiative du peuple ,la loi fixe le nombre de signatures à recueillir,

2 le référendum est systématiquement organisé si le seuil de signatures a été atteint.

Or la procédure législative, sui generis, de l’article 11 donne – sans ambiguïté - l’initiative de la proposition de loi à 20% de parlementaires (185) et après le soutien de 10% des électeurs la proposition de loi n’est pas soumise au peuple par référendum mais au Parlement.

Et ce n’est que si la majorité refuse de faire examiner la proposition de loi par les deux chambres qu’un référendum est organisé par le Président de la République.

Ce référendum est donc bien en réalité indiscutablement au « bon vouloir » du Président et de sa majorité.

La procédure législative de ’article 11 n’a donc aucune caractéristique d’un référendum d’initiative populaire.

La loi organique ne pourra donc rien changer.

Nous attendons que EELV ou le Front de gauche qui ont le RIC dans leur programme mettent leurs actes en accord avec les promesses électorales.

M. DENAJA avait pas 10 ans quand en 1988 François MITTERRAND annonçait aux Français pour la présidentielle

le référendum d'initiative populaire est une aspiration profonde des Français je vais saisir le légiste....

On connait la suite...

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