Intervention de Geneviève Fioraso

Séance en hémicycle du 24 mai 2013 à 15h00
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Article 38, amendement 183

Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

En vous écoutant, monsieur Hetzel, je me demande parfois si vous croyez vraiment à ce que vous dites. Vous essayez sûrement de vous convaincre vous-même.

La Cour des comptes, que vous citez volontiers quand elle va dans votre sens, donc de façon très partielle, a souligné les insuffisances des PRES : pas de contrat, pas de légitimité, pas de collégialité, pas d'interaction avec les écosystèmes, et au final un paysage qui reste toujours aussi morcelé. Chaque fois qu'un site voulait prendre une initiative, il fallait téléphoner au cabinet du ministère pour savoir s'il pouvait ou non le faire. C'est une conception assez curieuse de l'autonomie, et nous ne la partageons pas.

Nous avons une vision plus responsabilisante et confiante de l'autonomie. Nous pensons que les écosystèmes doivent contractualiser avec l'État, car l'État a une mission de régulation sur les territoires. Hier a été évoquée, de façon assez désagréable, une ligne Maginot. Au Nord, il n'y aurait pas de talents dans la recherche et l'enseignement supérieur ; à l'Ouest il y en aurait peu ; dans le Sud et le Sud-Ouest, en revanche, on en trouverait… Il est assez curieux de tracer une telle ligne de démarcation quand on voit les forces en présence ; c'est un peu vain – je dirais presque puéril, mais ce ne serait pas très gentil. Hier, ma prédécesseure a parlé des universités comme de ses enfants ; je considère que les universités ne sont les enfants de personne, on a affaire à un dialogue entre adultes. Le talent est assez bien réparti sur notre carte, et surtout tout cela n'a vraiment aucun sens à l'échelle du monde. Ce qui compte, c'est d'avoir une coopération, une complémentarité, Bernadette Laclais l'a dit.

J'ai récompensé l'autre jour l'université de Chambéry, en Savoie, car c'est l'université qui, depuis deux années consécutives, affiche les meilleurs taux d'insertion. Ce n'est pas la grande université d'une grande métropole, mais c'est une université qui sait suivre ses étudiants, qui sait leur proposer une insertion réussie, qui a créé une cohérence dans ses formations, qui doit, de ce point de vue, être respectée et pour laquelle le terme « excellence » n'est pas déplacé. L'excellence ne se mesure pas seulement au nombre de publications ou de scientifiques appartenant aux cercles parisiens.

Comme je l'ai rappelé hier, l'excellence est une exigence pour l'ensemble des disciplines.

Assurément, monsieur Hetzel, nos conceptions diffèrent radicalement. Hier, Valérie Pécresse, que nous n'avons fait qu'entrevoir un petit quart d'heure, affirmait à la fois que ce que nous faisions n'était pas bon et que nous ne faisions que la copier. C'est faux. Nous avons mis en oeuvre un vrai changement. Lorsque vous dites que ce projet est vide, c'est parce que vous menacez chaque article d'un amendement de suppression. Il est vrai que si l'on supprime les soixante-neuf articles de ce projet de loi, il finira par être vide, effectivement !

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