Intervention de Daniel Fasquelle

Séance en hémicycle du 23 mai 2013 à 15h00
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Article 3, amendement 339

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

S'agissant des moyens financiers, question importante s'il en est, on raisonne toujours en termes de quantité – le budget, le nombre de postes ont-ils augmenté ? – alors qu'il faudrait plutôt s'interroger sur la manière dont les moyens sont mobilisés. D'une part, se pose la question des moyens alloués entre les différentes universités, les grandes et les moins grandes. En outre, il existe de réelles injustices quant à la répartition des moyens entre les disciplines, souvent au détriment des sciences humaines et sociales.

Par ailleurs, se pose également la question de la liberté laissée à chaque discipline de mobiliser les moyens dont elle a besoin, d'organiser licences, masters et recherche sans se faire imposer de thématiques par l'université. C'est un vrai sujet, madame la ministre, auquel j'ai été confronté dans mon université. La thématique mise en avant étant alors l'environnement, il a fallu créer des diplômes autour de ce thème dans chaque discipline. Nous avons donc créé un DEA du droit de l'environnement. Mais par manque d'étudiants, nous avons dû proposer une co-habilitation avec une autre université, avant d'être dans l'obligation de le fermer. Alors que nous souhaitions créer d'autres diplômes, plus proches des attentes des étudiants et des préoccupations du monde de l'entreprise, des avocats de notre région.

Ce sujet aussi mérite d'être évoqué. On parle toujours de l'autonomie des universités, mais quelle autonomie pour les facultés, les UFR, les disciplines ? C'est à ce niveau, en effet, que l'on peut le mieux adapter l'offre de formation aux attentes des étudiants et du monde de l'entreprise.

La question des moyens joue également dans la lutte contre l'échec en première année. Posons-nous les vraies questions : faut-il toujours plus d'argent, de millions ? Pas forcément.

Autre sujet : la semestrialisation. Je suis convaincu pour ma part que c'était une mauvaise idée. Auparavant, nous pouvions prendre en charge les étudiants tout au long de l'année, avec des notes indicatives en cours d'année. Maintenant qu'elles sont définitives au mois de janvier, ces notes peuvent plomber une année universitaire et décourager l'étudiant de poursuivre ses études. En tant que chargé de TD, je peux en témoigner. Sur une année entière, j'avais les moyens d'encourager des étudiants en difficulté au mois de janvier, et de leur faire réussir leur année au mois de juin. J'ai vu les changements dramatiques liés à la semestrialisation : bonne idée sur le papier, elle s'est révélée, dans la pratique, fort mauvaise. Elle devait permettre la réorientation des étudiants, mais dans les faits, elle n'a pas eu les effets escomptés et a engendré plus d'inconvénients que d'avantages.

Le tutorat est un autre sujet qu'il faudrait aborder dans ce projet. Doit-on le maintenir tel qu'il existe ? Dans les disciplines juridiques, que je connais particulièrement bien, le tutorat n'est pas une bonne chose. Mieux vaudrait avoir davantage d'heures de travaux dirigés et accueillir les étudiants beaucoup plus tôt dans l'université, peut-être même avant qu'ils aient leurs premiers cours magistraux.

Tels sont les sujets dont j'aimerais que nous débattions au lieu de réduire le débat à la question des moyens, des millions et des postes, alors qu'il faudrait se poser la question de savoir comment les utiliser !

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